lundi 3 juin 2024

Souvenirs de 1910

Un bref passage dans les archives de la Pêche moderne, journal qui paraissait avant la guerre de 14, car il concerne une rivière du coin ou je traîne de bredouilles en bredouilles en maudissant le ciel !


La Pêche à la ligne à Cholet 


"Depuis un an, les pêcheurs à la ligne sont groupés dans une association ayant pour tire : Syndicat des pêcheurs à la ligne. Le nombre des syndiqué dépasse deux cent mais c'est peu si l'on considère que presque tous les hommes valides pêchent plus ou moins à la ligne.



Le syndicat a surtout pour but le repeuplement de la Moine, petite rivière qui coule à Cholet.


L'action des pêcheurs est forcément limitée, en effet, aucune des rivières qu'ils fréquentent n'est flottable ni navigable. La pêche en appartient aux riverains qui jusque là ont toléré les pêcheurs à la ligne. Le syndicat choletais se doit donc de remettre des poissons dans la Moine et de surveiller les braconniers, ce qui rend service aux riverains.



La Moine est une petite rivière à débit presque nul pendant une bonne partie de l'année, elle ne serait même qu'un ruisseau si, grâce à la pente de son cours, des barrages n'étaient pas établis de place en place.

Ces barrages forment ce qu'on appelle ici des "Goures" ou écluses.

La Moine coule ses eaux limpides dans un terrain généralement sableux que des plantations ne parviennent que difficilement à consolider, aussi l'emploi des filets et le bourrage surtout endommagent les rives et les font s'écrouler dans la rivière causant des pertes considérables aux riverains. 



Aussi ceux-ci ne voient pas d'un mauvais oeil s'établir une surveillance sans qu'ils encourent une responsabilité d'aucune sorte. 


La Moine serait poissonneuse sans le braconnage. Les frayères n'y manquent pas et les eaux, surtout en amont de Cholet, sont très saines. Mais le braconnage s'y fait beaucoup et la destruction s'en suit, de sorte qu'il y a encore assez de petits poissons mais peu de gros.



Il y avait autre fois beaucoup de goujons mais il en reste fort peu. Le gardon y est petit et ceux qui y atteignent la taille réglementaire y sont une petite minorité. Le chevesne qui parvient ailleurs à plusieurs kilos, arrive dans la Moine à 250 grammes, ceux d'une livre sont très rares et on ne leur donne pas le temps de grandir. La perche y est abondante mais petite comme les autres espèces , celles qu'on prend le plus pèsent entre 150 et 250 grammes. Avec quelques tanches et quelques carpes, de l'anguille, un peu de vairons, c'est la population de notre petite rivière. Aussi le repeuplement y est impatiemment attendu !


Il n'y a pas de brochets dans la Moine.


Déjà quelques immersions ont été faites et la semaine dernière, entre autres, il a été mis à l'eau quelques milliers de petites carpes. Malheureusement beaucoup étaient blessées et couvertes de cette mousse qui ne pardonne pas. 



Les pêcheurs choletais pêchent généralement bien. Toutefois, je trouve qu'ils ne se préoccupent pas assez du fond, leurs lignes sont souvent trop légères et le plomb trop rapproché de l'hameçon. Leurs gaules sont déplorables.



Les esches les plus utilisées dans la Moine sont le ver de terreau, le ver d'eau (porte-bois), la pâte et le blé. La mouche et les sauterelles pour la pêche à la surface. On se sert aussi de vers de vase et de petites bêtes pour la pêche au fond."


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