Commençons par ce Glass Shad Rap (Rapala) au coloris peu répandu. Il m'a sauvé de la bredouille un jour d'automne sur les berges de la Loire en me rapportant un brochet pas trop vilain. Ce qui, si l'on se réfère à mes deux décennies d'usage du truc, ferait passer Sergio Ramos au PSG pour un stakhanoviste. En dessous se trouve un Jib 90 (Smith), une pure machine à pêcher qui, lui, dans mon souvenir, était un aspirateur à brochets moyens et à grosses perches en ballastières et étangs peu profonds. Le troisième larron est un Squirrel 76 (Illex) qui, dans ce coloris précis, Ayu pour ne pas le nommer, n'a pas connu le succès que j'escomptais en dehors de quelques perchettes ligériennes dont le manque de discernement faisait peine à voir. Pourtant son alter-ego en fire-tiger a été un de mes rares leurres durs attrapant régulièrement du joli sandre ainsi que belles perches et brochets les jours fastes.
Par sentimentalisme, j'accorde une place particulière au Tormentor (Abu Garcia), wobbler basique, avec lequel ma progéniture prit ses premiers bars dans le golfe du Morbihan à une époque où Arsenal gagnait régulièrement des matchs en Premier League. Le suivant est un survivant de la gamme Pro Team, un lipless Storm qui n'a lui pris qu'un seul poisson mais un coriace, une perche titillant les 40 centimètres, prise pendant un arrêt-minute à la Digue de la Douille Fatale Grave alors que l'écluse de Pont Rousseau en aval commençait à balancer les eaux de la Sèvre nantaise en Loire. Toujours en fire-tiger, ce crankbait Yakuza (Biwaa) ne m'a pas coûté bien cher vu que je l'ai récupéré lors d'une sécheresse, accroché à une 125 balancée d'un pont vendéen par quelques jeunes ruffians pleins d'hormones plus que de neurones. Pour le moment, il ne m'a pas rapporté le moindre poisson. Pas étonnant non plus, à dire vrai, étant donné qu'il a vu l'eau à peu près autant de fois que Gérard Larcher a choisi le menu Veggie à la cantine du Sénat. Le crankbait du dessous, lui, a connu le succès une seule et unique fois, c'est pourquoi je le surnomme O.S.S soit One Session Striker dans mon Franglais de pacotille à en faire cracher son Harrap's à un youtubeur à excès de sébum tenté par l'expression shakespearienne : un quadruplé de perche sur un seuil bien connu des amateurs de canoés, d'escalade et autres viandages de sandres du vignoble nantais. Ce 10 CC (Jackall Bros) a une histoire exotique. Il s'agissait d'un "goodie" offert pour l'anniversaire de la revue japonaise Rod & Reel. D'ordinaire je ne suis pas le plus ardent défenseur des cranks à sonorité de maracas mais ce jour d'automne précis, un quatuor de grosses perches l'avait trouvé craquant. Je vous rassure tout de même : ce sont les seuls poissons qui ont eu cette instant d'égarement en près de quinze années d'usage pourtant régulier de l'engin.
Permettez-moi un intermède salé. Le Saruna 80 (Smith) fut, l'espace de deux semaines de vacances sur l'île de Ré, un tueur de bars et d'aiguillettes maousses avant de retomber dans un anonymat sordide suite à son inefficacité consternante sur l'agressivité des poissons de Loire. Bref, comme pour beaucoup d'artistes des années 80 ayant squatté le Top 50 en imposant des looks décadents à un jeune public vulnérable, le succès de ce poisson-nageur fut éphémère. Juste en dessous, le B'Freeze 78sp, un cadeau d'anniversaire pour mes 30 ans (Tempus fugit velut umbra, ma bonne dame !!!), lui aussi, ne remporta que des triomphes maritimes, en pêche du bord, mais de manière plus régulière. En eau douce, par contre, étrangement, ce coloris ne reçut pas l'accueil enthousiaste que j'espérais. Mais que dire alors du Bitterstream 95 (Tackle House), un produit de luxe à la nage olympique ? J'en attendais tant de merveilles et pourtant, quinze ans plus tard, il est toujours indemne sans que je me résigne malgré tout à le vendre, persuadé contre toute logique, qu'un jour prochain il me fera prendre un monstre légendaire.
Revenons à l'eau douce avec un leurre qui lui a pris plus que sa part de poissons à l'époque où je l'utilisais régulièrement : le Sledge Escarda (Evergreen). Ce leurre au maniement basique est une menace pour les brochets et les grosses perches. S'il est encore en ma possession, sans s'être vu disparaître en mission comme tant d'autres moins talentueux ou moins chanceux, c'est sans doute que j'ai cédé aux sirènes du consumérisme à un moment donné et me suis surchargé d'autres poissons-nageurs. En tout cas, c'est certainement parce que j'ai eu peur de le perdre définitivement tant il était efficace. Il faut absolument que je le ressorte à l'occasion. L'Eure me parait finalement un terrain de jeu parfait pour lui. En ce qui concerne le Wind Killer Bill (Imakatsu), je vais rester prudent car je ne l'ai pas vraiment utilisé par manque de temps ainsi que de spots convenant à son usage, hélas, mais je place de gros espoirs en lui pour la saison à venir. D'ailleurs, je vais de ce pas entamer mon rangement hivernal en mettant cette douzaine de leurres dans une boite spéciale afin de m'obliger à m'en servir dès l'ouverture.
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