Jusqu'au bout, j'y ai cru. Malgré les montagnes russes caractérisant le débit des cours d'eau du coin et les coups de déprime sibériens du thermomètre, j'avais toujours au fond de mon petit coeur meurtri l'espoir de retourner à la pêche avant 2022. Mais hier, en me levant avec une oreille droite bouchée singulièrement douloureuse, j'étais déjà en train de soupçonner que j'allais conclure en beauté deux semaines de rhume carabiné et autres syndromes hivernaux fondant sur le cacochyme plus vite que la grosse fario sur le vairon folâtre par une sympathique myringite bulleuse. Pour situer un peu sur l'échelle de l'hypocondriaque, la myringite bulleuse est à l'otite standard, cette affection banale dont se contente à peu de frais l'homme du peuple, ce que Chuck Norris est à Stéphane Bern question virulence débridée sentant la testostérone en ébullition. Je suis donc complètement flagada, à la limite du hors-jeu et aux trois-quart sourd. Franchement, ça vend du rêve. Si j'ouvrais un jour, comme n'importe quel youtubeur à peine pubère, un compte Instagram consacré à la célébration de mon égo à grand renfort d'iconographie retouchée à vocation masturbatoire, j'aurais plus vite fait de le jumeler avec Doctolib, bordel.
Bref, ma journée initialement prévue pour aller à la pêche s'est pour l'essentiel déroulée le cul sur une chaise bancale, dans une salle d'attente surchauffée, avec la tête aussi vibrante et douloureuse que celle d'un électeur d'Eric Zemmour peu physionomiste ayant dit du mal de la maman de Thierry Riner sans remarquer la proximité immédiate de son fils. C'est durant cet interminable séjour que j'ai appris grâce à ces algorithmes taquins qui fleurissent sur les téléphones portables, le décès de Grichka Bogdanoff, non-vacciné, mais qui pensait feinter la pandémie à coups d'infusions de kryptonite plus facilement qu'un comité de lecture composé de vrais scientifiques. Après une rapide vérification de l'alibi de Jean Paul C. (la routine, vous savez ce que c'est...), j'ai songé illico à l'occasion en or ainsi offerte au Bossuet des petits hommes verts, l'inénarrable François Asselineau, pour y aller de son oraison que j'imagine résolument tragique : "Entre ici, E.T, avec ton terrrrrrrrrrible cortège !!!", ça pourrait faire un bon début.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire