Quand on parle de 1954, on songe de prime abord à la bataille de Dien Bien Phu, au début des évènements d'Algérie, à l'arrivée ou au retour au pouvoir d'amis du genre humain aussi inspirants qu'Alfredo Stroessner, Gamal Abdel Nasser ou Fulgencio Batista sans oublier les naissance de ces êtres exceptionnels dont on parlera encore dans des siècles avec la glotte grelottante : Angela Merkel, François Hollande et Didier Barbelivien. C'est important, je le concède, mais tout de même, sachons raison garder. 1954 est aussi une date charnière. 40 ans plus tôt, Gavrilo Princip entraînait le monde dans une spirale d'emmerdes : guerre mondiale, famines, bolchevisme, grippe espagnole, expansion des ragondins... 30 ans plus tard, George Kranz imposait son Din Daa Daa sur tous les dance-floors du monde libre provoquant alors l'exode massif des mélomanes non wagnériens, des coiffeurs pour homme intègres et des clubbers conscientisés vers la République Démocratique allemande.
Mais 1954, c'était aussi une année de pêche rythmée par les dates d'ouverture et de fermeture. Dans les magazines de pêche, on trouvait aussi des réclames pour tout un tas de trucs plus ou moins pratiques dont on vantait les mérites avec une objectivité relative. J'adore ces vieux trucs. J'y vois pourtant, avec un brin d'amertume, l'esquisse du battage médiatique d'aujourd'hui, ces publicités criardes, ces publireportages à la crédibilité digne des Mémoires de Silvano Trotta, bref de ces revues de pêche ne contenant essentiellement que du visuel, peu d'écrit et ne servant au final qu'à vendre du matos hors de prix à un public vulnérable convaincu qu'un brochet saura faire la différence entre un spinnerbait Gan Craft à 35 euros et la version aliexpress en coûtant trois...
Car n'allez pas croire que nos ancêtres, encadrés moralement par le parti communiste ou l'église catholique, étaient à l'abri des sirènes dispendieuses du "produit miracle révolutionnant la pêche". La quête du "Précieuuuuuuux" hantait déjà les visions oniriques des Gollums en cuissardes !!!
Soyons tout de même un tantinet honnête : certains produits de l'époque (par exemple cette fameuse CP Swing) étaient de pures machines à tuer. Elles décimaient les farios avec une régularité forçant le respect en inspirant une sainte terreur à tous les salmonidés de France et de Navarre. D'ailleurs, de nos jours, elles continuent à prendre du poisson comme je vous en ferai la preuve dès que les beaux jours reviendront. En effet, j'ai ajouté une nouvelle douleur aux habituelles à la faveur de la petite vague de froid de ces derniers jours. J'ai développé une contracture partant de la base du cou, me torturant le biceps et agaçant l'avant-bras des plus prometteuses !!! Voila bien le genre de truc qui va me fournir un excellent prétexte pour rester bien au chaud, la misanthropie bien calée au fond des Charentaises, à médire de mes contemporains, tiens...
Revenons, je vous prie, vers l'année 1954, quand la République était encore la Quatrième, que la France avait toujours un empire colonial conséquent (dont l'évocation rend irrésistiblement Eric Z. plus priapique qu'un yorkshire contemplant le tibia de Stéphane Bern) et que Brigitte Macron fêtait son premier anniversaire. Cette année fut incontestablement l'année du Flopy, un leurre révolutionnaire pour l'époque et recherché aujourd'hui par des collectionneurs hystériques n'hésitant pas à se disputer les derniers exemplaires en bon état en se jetant au museau des montures Donzette affutées comme des étoiles de ninjas. Ce monde est en train de devenir cinglé.
L'autre nouveauté neuve était le Vivif. Lui, par contre, est quasiment impossible à trouver en bon état vu que la matière plastique le compensant a subi les outrages du temps. J'ai caressé un temps l'idée d'en refaire une version modernisée en mode "garage". Malgré trois confinements et une rééducation interminable, je n'ai pas trouvé le temps de m'y mettre sérieusement. Peut-être qu'un âge glaciaire intempestif pourra enfin m'y pousser, qui sait ?
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