Perches de loisir

Les meilleures choses ont une fin. Mon bref passage à l'ouest, aussi fugace qu'agréable, est désormais derrière moi. Pourtant, le dimanche suivant, j'ai repiqué à ce vice déplorable et honteux qui consiste à tenter contre toute décence publique à enfiler un costume en néoprène afin d'attraper des poissons. Déterminé à revenir au même coin que l'autre jour, je descends vers la rivière quand j'avise, pendant à un roncier, une épuisette. "Ah un couillon aviné l'aura oubliée" ne puis-je m'empêcher de penser en m'emparant triomphalement de l'engin quand un détail me frappe. Tiens, tiens, on dirait bien que quelqu'un a maladroitement ligaturées quelques mailles. Oh non !!! Cette épuisette est la mienne et cela fait 8 jours qu'elle orne la berge sans que personne ne soit passé par là, un véritable petit miracle...

Faute de brochets actifs, c'est une jolie perche qui a croqué d'une mâchoire vaillante mon Rapala Shallow Shad Rap de 9 centimètres ramené d'une main sûre par votre serviteur.

Soulagé par cette découverte impromptue, je m'engage courageusement dans le lit de la rivière, les pieds emmitouflés de sacs de congélation hermétiquement fermés par un système réinventant avec une étanchéité forçant le respect la bande molletière chère aux anciens de 14. En effet, j'ai certains doutes sur la fiabilité de mes bottes de waders. Sur mon premier lancé, l'imitation Savage Gear 4Play V1 venue de Chine populaire provoque un suivi de perche. Elle n'est pas énorme mais bon, elle aurait sauvé la bredouille. Avançant un petit peu en amont, je laisse dériver un revenant, retrouvé au fond d'une caisse de pêche, qui m'avait sauvé un dimanche de fermeture en 2010 en me rapportant un joli brochet si je me souviens bien. Ce coup-ci, c'est une belle perche qui succombe à son déhanchement un brin lascif. Yes.

Ce sera tout pour ces deux heures de pêche dominicale. L'eau est toujours basse, encore plus claire et nulle trace d'activité supplémentaire n'est venue égayer l'après-midi. Heureusement que j'avais un peu pêché en coup de speed sur le retour vendredi en prétextant le besoin d'uriner tenaillant l'infortuné Youki. Là aussi, rien d'extraordinaire à célébrer mais on ne va pas bouder son plaisir. Un poisson reste un poisson et en ce moment jusqu'à la fin janvier, tous se mériteront.

Bref, les jours raccourcissent, les températures baissent et les articulations grincent. Toutes les conditions semblent donc réunies pour une fin de saison dans les normes. Ou dans l'énorme si je me décide en dépit des fantômes des bredouilles passées à sortir l'artillerie lourde un jour favorable...