dimanche 7 novembre 2021

Nationale 10, que tu ailles à Poitiers ou Ablis...

Bon, c'est pas tout ça mais de temps à autres, il faut bien se regénérer, retourner à la source, recharger ses batteries, bref, redevenir ce lapin Duracel intenable que l'on était il n'y a pas si longtemps à cette époque étrange où les jeunes adoraient les L5, les vieilles dames riches se pâmaient devant la folle énergie d'un Nicolas Sarkozy et surtout quand j'arrivais encore à me lever le matin sans gémir de douleur. Je me suis donc farci de bon matin la Nationale 10 "historique", route célèbre pour avoir jadis servi d'itinéraire de fuite aux gouvernants faisant face à leur manière à l'esprit d'initiative germanique. Traversant successivement l'Eure, le Loir, la Loire, l'Indre, la Creuse, la Vienne et le Clain, je peux l'affirmer pour l'avoir vu de mes propres yeux, cette année encore, question sécheresse, ça craint.

Notre substitut de bayou figé par la brume automnale réserve encore quelques poissons
au pêcheur itinérant bravant témérairement les frimas en se riant de ses rhumatismes !!!

Après un voyage sans histoire d'à peine 11 heures commencé dans un Norauto de la région parisienne dans lequel j'ai passé une éternité à attendre que les jeunes employés un peu limités du caberlot aient fini leur CBD en loucedé pour enfin m'acquitter du prix d'un bidon de liquide de refroidissement, puis poursuivi par près d'une heure et demi d'embouteillage sur le périphérique de Chartres avant de finir à partir de Châtellerault jusqu'au coeur du Maillochistan à rouler quasiment au pas sous un déluge oscillant en intensité pluviométrique entre la mousson sous PCP et la tempête océanique vue de la Baie des Trépassés, le tout assaisonné d'arrêts-pipi-Youki puisque la Bête m'accompagnait en ce périple, je touche au port, miraculeusement épargné d'un pare-prise à changer par un essuie-glace ayant eu la présence d'esprit de repousser un marron. L'état du bras de l'ustensile ne laissait guère de place à l'imagination. S'il avait touché le pare-brise en tir direct, j'étais client du mois chez Carglass...

J'aime repousser mes limites. Je kiffe le dépassement de soi. Bref, quand
je vise le record, je suis pas là pour tricoter dans la Blédina, moi !!!

Accueilli en V.I.P dans l'antre de la Terreur du Mellois alias le Rocco de Lavaud ou encore l'Apollon du Lidon, j'ai le plaisir de retrouver cette légende vivante de la trousse-pinette pêche à la ligne que le monde entier nous envie. Levés avant l'aube comme il sied à deux vieux baroudeurs de notre acabit, élevés au zizi-coincoin à la rude école du mort-manié du temps jadis, nous partons guillerets vers les méandres mystérieux du marais poitevin, école de survivalisme sous-côtée et Mecque du pâté de ragondin. Sur la route, aux alentours de l'ancienne base américaine de la forêt de Chizé (site qui a inspiré les scénaristes de la série Stranger Things mais chut, ne dévoilons pas ici que les mutations génétiques issues des expériences secrètes menées en ces lieux par les savants nazis de la CIA feraient passer la série de Netflix pour un Best of expurgé des scènes trop violentes des aventures d'Heidi...), nous évitons avec un certain brio une famille de sangliers visiblement peu au fait du code de la route...

Le Cannibal Shad (Super Continent) est décidemment un leurre souple doté de toutes les qualités.

Une fois arrivé au lieu de rendez-vous, force est de constater que la température n'incite que modérément au naturisme. On peut même prendre le risque d'affirmer sans risquer d'être contredit par Météo France que ça meule sa mère. Heureusement, nous connaissons bien le secteur. D'emblée, les niveaux historiquement bas nous refroidissent (comme s'il en était besoin !!!). La pêche va être dure. Les poissons ne sont pas faciles à trouver mais malgré tout, nous en piquons de ci, de là... Surtout du petit bass toujours actif bien que l'eau ne soit pas si chaude que cela.


Fatigué par la route, le Youki voulant à tout prix aller piller les poulaillers des alentours et le froid faisant craquer comme des biscottes mes genoux de cacochyme prématuré, je ne suis pas les collègues en leurs pérégrinations au long cours. Bien m'en prend au final car contraint d'insister sous un petit pont, c'est sous celui-ci que viendra la délivrance. Et sans que je rencontre le moindre joueur de banjo, je tiens à le préciser aux esprits malins, non mais des fois !!!

La Grosse du Pont, légende souvent, réalité parfois !!!

Une petite série de perches revigorantes pour terminer la matinée, voila bien de quoi oublier les engelures. Une fois le casse-croûte englouti, le redémarrage par contre s'est avéré plus laborieux. Un petit vent taquin s'était levé et nous rafraîchissait la couenne tout en calant les poissons. Finalement, seules quelques chasses sporadiques, toutes en bordure, sur des alevins terrorisés réalisant que les nénuphars flagadas d'après coup de gel ne sont plus cet inexpugnable refuge estival qui faisait tant pour la survie de l'espèce, réussiront à nous rapporter quelques petits poissons avant que ne sonne le moment tant redouté, celui de reprendre à l'envers la fameuse "nationale 10, qu'on soit pinard ou bien 8°6" comme le chantait si justement un poète totalement méconnu des fans de Kaaris.



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