mercredi 18 novembre 2020

Le confinement tragique : l'ultracrépidarianisme de proximité, moderne calamité

L'ultracrépidarianisme n'est pas du tout, comme vous allez essayer (ne le niez pas, je vous connais à force) de me le faire avaler avec votre côté cauteleux insupportable, un subtil mélange entre un fanatique de football amateur de violences urbaines, un mollusque partouzeur venu avec le soldat Ryan et la doctrine propagée par un théologien cyrénéen du temps jadis. Non, l'ultracrépidarianisme est l'action de parler en long et en large, avec une assurance ne souffrant aucune contestation, de choses qu'on ne maîtrise pas. Mais si, rappelez-vous vos oraux. Vous verrez de quoi je veux parler... Vous connaissez peut-être l'aphorisme abrupt de feu le maréchal Pétain qui, répondant avant-guerre, alors qu'il n'était encore que le Vainqueur de Verdun et le militaire préféré de la Gauche, à une question quelconque sur les évolutions parlementaires qui seraient utiles à la IIIème république ? Le maréchal expédia le fâcheux par des mots définitifs : "Monsieur, je ne suis qu'un soldat. Pas un homme politique. Je ne parle donc que de ce que je connais". Cette prudence, mâtinée de cette rudesse toute en pudeur qui révèle mieux que tout autre artéfact le vieux baroudeur, était la marque de celui qui fut décrit par le général de Gaulle comme "Trop fier pour l'intriguetrop fort pour la médiocrité, trop ambitieux pour être arriviste, il nourrissait en sa solitude une passion de dominer, longuement durcie par la conscience de sa propre valeur, les traverses rencontrées, le mépris qu'il avait des autres". En ce temps là, on savait causer, pour sûr !!! Et surtout on avait pas besoin de communicants à 9000 euros par mois pour lisser son image. Il suffisait d'une bonne guerre mondiale et roule ma poule, non mais des fois !!!

"La vieillesse est un naufrage" (Charles de Gaulle parlant de Pétain).



Je ne sais pas comment ça se passe dans votre gourbi personnel mais chez moi, quand j'ai un problème de plomberie, j'appelle le plombier. Quand j'ai un problème de voiture dépassant mes compétences automobiles (c'est à dire allant plus loin que changer les balais d'essuie-glace), je prends ma canne, mon chapeau et mon attestation dérogatoire à la date du jour pour me rendre chez le garagiste. Quand j'ai besoin qu'on me dise la raison des douleurs intolérables qui m'empêchent de marcher, je vais voir un chirurgien orthopédiste, pas un horticulteur. Vous me suivez ? Or par la magie de la prise de parole universelle qu'offrent les réseaux dits sociaux à tout un tas de connards qui auraient dû pour la quiétude du populaire et le bien-être des érudits rester à jamais à éructer en solitaire dans leur insalubre terrier, tout un chacun s'estime en droit de nous asséner son avis ferme et définitif sur tous les sujets qui leur passe à portée de claque-merde. Imaginez un instant le tableau : une ex-candidate de télé-réalité à un million d'abonnés sur Instagram peut en un clic faire basculer son public de crétins larvaires dans la sphère complotiste en "likant" un documentaire lunaire dont l'intellectualisme forcené n'est pas la qualité première... Un quidam peut soutenir pendant des mois qu'un infectiologue marseillais a les meilleurs chiffres d'Europe sur la mortalité du covid19 sans se rendre compte un seul instant que l'IHU où le druide narcissique coiffé comme une méduse aphasique se met en scène n'a pas de service de réanimation (l'endroit où on entre en grande détresse respiratoire et où on meurt d'après des gens qui n'ont fait que 11 ans d'études). Fatalement, ça aide un peu de tester les personnes en bonne santé et de virer sous le tapis les moribonds pour avoir de bons chiffres. N'était-ce pas Churchill himself qui disait n'avoir confiance qu'envers les statistiques qu'il avait lui même truquées ?

Vu à la télé. Contient de l'hydroxychloroquine goût banane.


Tous les coups sont permis. C'est usant à force. On peut toujours tenter désespérément de dialoguer avec certains spécimens. Force est de constater que dans une effarante majorité des cas, on aurait plus vite fait d'apprendre le clavecin à un hippopotame que de les faire constater objectivement que ce qu'ils reniflent à longueur de journée, ça a beau en avoir les aspects extérieurs, ce n'est pourtant pas du Nutella. Après vous me direz, muré dans votre égocentrisme salvateur, qu'on a pas à s'occuper des délires des autres. Oui, bon, certes. A ceci près que la folie collective, l'ignorance de masse et les autres épiphénomènes relevant du fanatisme le plus médiéval, cette attitude de déni "constructif" consistant à se mettre la tête dans le sable et à serrer le plus fort possible ses sphincters n'est pas une garantie d'éviter de se retrouver un jour ou l'autre entraîné par l'avalanche de connerie qui menace de nous déferler sur la gueule un peu plus chaque matin...



Nous avons donc grâce (ou à cause ?) du confinement sidérant et du loisir accablant dont s'est trouvé étouffé l'homme de la rue apeuré, pléthore d'infectiologues, de statisticiens, de sociologues. Il suffit d'ouvrir Internet pour lire leurs sentences tombant du haut de leur ignorance. Dès qu'un "technicien" essaye de leur faire entendre sinon raison du moins un point de vue de professionnel, il se fait quasiment lyncher. Forcément. Un médecin est aux ordres du lobby pharmaceutique, un journaliste à ceux du "Pouvoir", etc... Et ils sont nombreux, trop nombreux ces cons-là, à s'être autoproclamé juges, jurés et bourreaux à force de trépigner devant leur clavier. Au risque de me répéter, jamais je n'ai senti avec tant d'acuité la force ainsi que la menace actuelle de cette formule "l'ignorance, c'est la force" tirée de "1984", le livre le plus connu de George Orwell. Pour être honnête, je me dois d'ajouter qu'un autre des slogans tant prisés de Big Brother, à savoir "la liberté, c'est l'esclavage", possède un écho tout aussi inquiétant quand on songe à la politique du gouvernement envers les libertés publiques sous couvert, ô surprise, de protection des institutions...




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