lundi 23 novembre 2020

Le confinement technique : le leurre de surface, votre ami méconnu

Désirant en toute obstination malséante tenir ma parole et ainsi de vous infliger chaque jour de confinement un nouveau pensum rédigé à la va-vite, bourré d'imprécisions et gonflé d'une mauvaise foi délicieuse, j'ai jeté aujourd'hui mon dé velu (oui, du genre de ceux qu'on accroche sous le rétroviseur quand on vient de Las Vegas et qu'on va se marier à Reno en R21 Nevada, ZZ Top à fond dans la sono, faut tout vous expliquer, c'est lourd à force !!!) sur quelques leurres de surface indispensables à l'homme d'action qui sommeille en vous pendant que vous trainez sur des sites interlopes en entretenant votre scoliose dans un open-space mortifère. A tout seigneur, tout honneur, je vais donc arbitrairement vous assommer d'entrée de jeu par la présentation sous un jour favorable d'un popper, le Bevy Popper 50 Lucky Craft...

Un joli chevesne de Loire pris dans la brume en amont immédiat d'un lieu où fut détenu Pierre de Craon, joyeux psychopathe médiéval et grand-père d'un célèbre serial-killer, Gilles de Rais.


On est dans le travail d'artiste : 48,5 millimètres de long, 4,5 grammes. C'est un leurre qui cible prioritairement chevesnes et perches mais qui ne rebute pas les bass ou autres prédateurs (j'ai même pris des rotengles à vue alors que le leurre était à l'arrêt, sans doute leurrés par le teaser du triple arrière). Si je devais emmener un seul leurre de surface pour une journée de pêche à la belle saison sur une petite rivière inconnue mais donnée comme peu profonde, il serait certainement mon choix premier. Son seul point faible, à mon avis, est la tenue dans les courants vifs sinon c'est un excellent choix.

Un leurre "finesse" difficile à animer au delà de la puissance d'une canne Medium Light.


Passons maintenant au gros de la troupe, les stickbaits. Précisons tout de même en préambule que ce panel de leurres de surface est présenté d'une manière odieusement partisane. En effet, je ne parle que de mes leurres préférés et surtout en eau douce. Du coup, je risque de passer sous silence l'existence de deux ou trois dizaines d'autres leurres de surface très efficaces mais qui ne me viennent pas ou plus à l'esprit en cette période troublée. Bref, revenons à nos baroudeurs de l'écume. Mon deuxième leurre favori pour titiller la poiscaillerie au soleil est un stickbait de 7,5 centimètres bien sous tous rapports.

Le Water Mocassin Illex-Jackall Bros... Un concentré d'efficacité impitoyable selon
ce chevesne de la Sèvre nantaise victime de l'engin une après-midi estivale.

Parler de ce leurre reviendrait à vous faire subir un panégyrique outrancier où vous finiriez par abdiquer tout libre-arbitre et à vous rendre en cohortes de Pastoureaux de la Gopro vers Jérusalem (enfin ce qui en tient lieu pour un leurre Illex donc Fontenay-sur-Eure) afin de vous emparer de ces Saintes Reliques s'il en subsiste encore en stock. En effet, il s'agit là d'une manoeuvre dilatoire déplorablement basse mais vous devez savoir qu'il n'y a toujours pas (à ma connaissance du moins) de copie crédible de la bête sur aliexpress... Bon, ça se trouve d'occasion sur des sites nippons, rassurez-vous. Prenez garde tout de même, on est jamais trop prudent, de remplacer les triples originaux par des forts de fer. J'ai perdu plus d'un poisson en raison de la mollesse coupable de ceux-ci, à peine capables, et encore les bons jours, de retenir quelques secondes un bass énervé à peine pubère.

Water Mocassin : 75 millimètres pour 9,4 grammes. Un leurre qui peut s'utiliser avec une
canne relativement puissante et qui intéresse aussi bien les aspes que les perches en passant
par les black-bass et bien évidemment les chevesnes !!!


Le troisième de la liste est de nouveau un produit-phare de l'écurie Lucky Craft : le Bevy Pencil 60. On ne le présente plus. 6 centimètres de bonheur pour 3,7 grammes de légèreté raffinée. Difficile de s'en priver. Pourtant, mes deux derniers sont partis, fauchés en plein ciel de gloire, l'un par un aspe maousse, l'autre par un gros pépère de chevesne aidé par mon bas de ligne éraillé par quelques frictions granitiques malvenues. 

Un Aspe de Loire piqué sur un Bevy Pencil 60 Lucky Craft agrémenté d'un teaser-maison.

Là aussi, malgré des incursions régulières bien qu'infructueuses chez des marchands d'articles de pêche français, il m'est actuellement impossible de me fournir en nouveaux exemplaires de l'engin. C'est le genre d'infortune que seul un maniaque de la pêche aux leurres peut juger à sa juste valeur. Heureusement, le confinement et mes problèmes physiques m'ont aidé à moins ressentir le manque de certains modèles que le manque de pêche. On compense comme on peut.


Quand je serais grabataire à temps plein, podagre honoris causa, bref plus immobiliste qu'un syndicaliste congelé dans le freezer de Geoffroy Roux de Bézieux,  il me suffira de l'évoquer, les larmes coulant sur ma cataracte en creusant des ravins aléatoires dans la couche séchée de purée aux pruneaux maculant mes joues mal rasées, ce petit Bevy Pencil 60 vadrouillant de droite à gauche à la surface de l'onde claire pour me rappeler certains des meilleurs moments de ma vie de pêcheur de perchettes assumé, contestataire feutré et libre dans sa tête, y en a même qui disent qu'ils l'ont vu pinser...


Non, je ne suis pas seulement une victime de la mode. Il m'arrive aussi de pêcher avec des leurres
de smicards assemblés par des détenus politiques lépreux dans des usines-prisons sur les
berges vaseuses farcies de corbicules gavées de métaux lourds du Yang Tsé Kiang...


Le quatrième leurre joue lui en division discount. Un leurre Caperlan de 6 cm pour 6,7 grammes qui ressemble un peu beaucoup au Sammy 65 de Lucky Craft mais bon, on ne va se fâcher pour si peu. C'est un petit leurre très sympathique qui vous offrira des perches et des black-bass à tire-larigot. En plus, il n'est pas très cher par rapport aux standards hexagonaux. Pour aliexpress, par contre, c'est déjà du somptuaire. Tout est toujours effroyablement relatif dès qu'on cause pognon en fait.

Un leurre de surface abordable, disponible, bien fini.


Pour le cinquième et avant-dernier leurre proposé par mes soins en ce lundi au soleil alors que, vous voyez bien, ils nous avaient dit que c'était une chose qu'on aurait jamais, camarades, je ne vais pas me fatiguer outre-mesure. Je vais simplement prôner l'usage immodéré du grand frère savamment looké du Murray pour économiquement défié, à savoir le Sammy 100 Lucky Craft, mon grand ami dans la traque de l'aspe, du temps pas si lointain où je le pêchais assidument avant de venir m'enterrer le masque sur le nez en grande couronne. Poil à Courcouronnes.
Un puissant combattant des courants de Loire emmené à résipiscence par l'action d'un Sammy 100
manié comme un Dieu par un sémillant bellâtre gominé en waders néoprène ressemblant étrangement à une version acceptable et juvénile de l'auteur et une canne MH de derrières les fagots.

Le Sammy 100, c'est tout, c'est fou, c'est passe-partout et attrape-tout. Du bar, de l'aspe, de la perche, du brochet, etc... Tout ce qui est susceptible de se goinfrer une belle ablette flappant en surface sera intéressé par un Sammy 100. Tout le reste est littérature.

Le Sammy 100 Lucky Craft, un leurre de surface à avoir dans sa boite. Si. Vraiment.


Pour conclure, je vais revenir à mes amours estivales, à ces petits ruisseaux perdus où l'ultra-léger est roi et le pinsage fait loi. Il existe de nombreux leurres de surface pour l'ultra-léger mais celui que j'ai envie de distinguer est une petite merveille : le T-Pivot de chez Jackson. Une petite chose fragile de 35 millimètres pesant le poids dérisoire de 2,5 grammes, certes, mais qui, lorsqu'on l'anime avec une canne légère et sensible, prend une nage complètement affolante.
T-Pivot Jackson 35. Un leurre de surface nain pour un panier plein...


Là aussi, en cherchant bien, on peut le trouver sur des boutiques nippones à des prix sinon abordables, du moins tolérables pour qui est résolu à se nourrir de croutes de pizzas récupérées au péril de sa vie dans les poubelles de Domino's afin d'économiser assez pour pouvoir s'en payer un à l'issue du 4ème confinement, courant août 2021. Le triomphe de la volonté, vous voyez, ça peut payer. Parfois.


Une forme atypique qui lui donne une nage erratique propre à rendre fous les poissons.


Voila, vous savez tout ou presque sur mes 6 leurres de surface préférés (au moins aujourd'hui). J'aurais pu voire dû vous bassiner aussi avec le Towadi Smith, le Zenith Zclaw, le Heddon Spook Junior, etc, mais en ma grande mansuétude, j'ai su stopper ma logorrhée à temps. Après tout, ce n'est pas comme si le 1er Mai, c'était la semaine prochaine. On en a encore pour quelques semaines de vrai-faux confinement sans effet visible sur la baisse de la courbe épidémique mais qui nous prive, soyons terre à terre, d'une façon sentant fort l'arbitraire le plus bas du front d'un peu d'évasion inoffensive au bord de l'eau. Du coup, on a tendance à de moins en moins en boire.



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