lundi 16 novembre 2020

Le confinement polémique : Le Protocole des Sages du Scion

Vous me voyez relativement désolé pour ce titre un tantinet provocateur en ces temps troublés où tout est interprété comme matière à mettre le feu à la plaine. A première vue, l'analogie entre un pamphlet antisémite fabriqué à priori par l'Okhrana, la police secrète tsariste, à partir d'un plagiat explicite d'un pamphlet anti-Napoléon III et d'autre part un vague couplet péniblement rédigé sur l'opinion que je peux avoir parfois à mon corps défendant du niveau intellectuel révélant la personnalité parfois tourmentée des gens se croyant autorisés à faire autorité en matière de fluorocarbone de luxe, qualité des blanks les plus confidentiels et  à nous abreuver jusqu'à plus soif de leurs avis relativement nuancés sur les mesures sanitaires internationales devant être imposées à l'ensemble de l'humanité souffrante en urgence absolue, ne saute pas aux yeux. C'est évident. Même un militant de l'UPR s'en rendrait compte s'il levait les yeux du dernier rapport interne concernant les OVNIS aperçus sur le gazon du parlement européen. Mais je me suis imposé un challenge de confinement : à savoir rédiger un article par jour sur ce blog tout le temps que durera cette réclusion à temps partiel. Du coup, débordé par les impératifs du quotidien, j'ai décidé de tricher parfois en reprenant des articles de l'ancien blog mais en les "recontextualisant". Le choix de celui-ci, évoquant les sombres mânes de la mère de tous les complotismes, en l'occurrence ce faux célèbre générateur d'horreurs tout en épinglant les travers de nos contemporains, s'imposait...

Le complotisme avant Internet. Etonnant, non ? 


Pourtant, à y regarder de plus près, avec la méticulosité hiératique d'un jardinier japonais aux tendances monomaniaques,  on peut retrouver à mon grand désarroi dans ma tendancieuse et proverbiale production un nombre tragiquement élevé d'insinuations malveillantes au cm². Un de ces nombres tellement pharaoniques qu'on peine à en concevoir l'échelle alors qu'il suffirait pour se rendre bien compte, médusé, de l'ampleur de l'oeuvre d'avoir à se taper le commentaire composé du dernier ouvrage d'Eric Zemmour. Si, ne faites pas votre bobo, ça m'horripile. Je parle de celui qui dénonce l'islamo-féminisme végan syndical sans aucune fausse note. Un ouvrage droit dans ses bottes de cuir comme le sémillant Pascal Praud l'a salué sur Cnews en entamant a capella le Horst Wessel Lied parce que c'était la Journée de la Construction européenne et que merde, on peut plus rien dire avec tous ces connards de gauchistes, bordel, remets-moi une Suze, Francis. Mais revenons à notre propos. 

En effet, parcourant d'une façon que l'on pourrait (dis)qualifier d'inexplicablement régulière depuis un certain temps, le désopilant microcosme des forums-pêche, j'ai pu me rendre compte de l'existence en son sein de certains archétypes humains ( humain, humain, c'est peut-être vite dit, certes, mais certains en présentent au moins quelques caractéristiques externes pouvant duper un temps l'anthropologue distrait). En voici arbitrairement quelques-uns, histoire de rigoler un peu.

L'Histrion  il est un spectacle à lui tout seul, la pêche, c'est sa vie, mieux, la pêche, c'est lui... Avant lui, ce n'était pas vraiment de la pêche même si ça y ressemblait un peu de loin, vaguement. Il ne prend que des gros poissons. Les petits l'évitent. Ils le connaissent, voyons. Si d'aventure, il ne prend pas de gros poissons, il en prend au moins beaucoup plus que le voisin. Même s'il lui faut pour cela s'abaisser à pêcher des perches. En mode ultra-technique finesse pas donnée à tout le monde, certes, mais des perches tout de même. Comme quoi il a su rester humble malgré son statut de Star. On reconnaît ce style d'énergumène à l'énergie démesurée qu'il dépense pour arriver à porter des logos publicitaires sur les fringues et  son besoin maladif de se mettre en scène en permanence. Après le krach de 1929, les chômeurs, eux, restaient dignes et se contentaient d'un repas chaud pour faire l'homme-sandwich...

"Tous les pêcheurs sont égaux mais certains le sont plus que d'autres".
(George Orwell appliqué au sponsoring halieutique pour les Nuls).

Le Snobinard blaséJe sais que ça sent de loin le pléonasme de trop, le faux-pas qui vous clouerait au Pilori le jeune espoir destiné au Renaudot, la bourde à vous fermer définitivement les portes du Tout Paris littéraire et qui vous conduira un soir tragique à  Montparnarsse accompagné de votre seule valise en carton pour un retour sans gloire au Ploukistan. Ce qui me sauve lâchement, c'est qu'ici, on parle de pêche. On est pas en train de se toucher pour un substantif mitigé en sessions interminables entre gérontes revêtus d'un costume d'amiral guatémaltèque période rococo et branlant du chef sous la coupole non plus. Bref, revenons à notre gonzier : généralement le gars se considère comme ce qui se fait de mieux, il lui faut le meilleur matériel donc le plus cher possible, faut pas déconner non plus... Des fois que des cons ou mal-comprenants le prennent sur un malentendu pour un smicard, on pourrait se méprendre et on jaserait. Cela lui est ontologiquement insupportable, morbleu. Seul problème, il ne se contente jamais de ce qu'il prend ou achète...Logique...Il méritera toujours mieux. Le client rêvé de toute boutique de pêche...L'éjaculateur fiduciaire précoce dans toute sa splendeur.


L'Analphabète caverneuxun archétype néandertalien très, trop courant. Repérable à son expression écrite tenant à la fois du Français médiéval, du laborieux hermétique et de la phonétique sous amphétamines. Offre parfois à la concupiscence du public des argumentaires hermétiques, des liens renvoyant vers des pages facebook de demeurés évoluant dans la même impasse (ou vers le dernier article de Valeurs actuelles s'il possède une carte d'électeur) voire se croit habilité à se livrer à quelques raisonnements de haute volée pouvant conduire le lecteur à l'incontinence surprise par hilarité incontrôlable...Mais c'est là son moindre défaut. Pour lui, en règle générale, la maîtrise de l'orthographe, l'effort intellectuel le plus réduit et l'hygiène corporelle quotidienne sont totalement incompatibles avec une pratique halieutique de haut niveau... Son principal talent : la menace.

"Groumpf, moi menacer Pas-comme-Moi... Moi taper eux !!!"


Le Fouquier-Thinville de clavier : Comme son nom l'indique, il est LE censeur, l'accusateur public n'ayant de comptes à rendre qu'à l'Etre suprême (lui en l'espèce), celui qui distribue les bons et les mauvais points. Enfin, surtout les mauvais, question de caractère. Lui, il sait, il pense, il plane dan les les hauteurs, prêt à fondre sur le quidam à la moindre incartade, tel la buse affamée sur la musaraigne distraite. Au contraire de la plèbe grouillante, ignare et décérébrée, il connaît tout sur tout. Ce qui lui octroie toutes les prérogatives nécessaires pour sauter à la gorge du néophyte en le terrorisant par l'outrance de ses philippiques. Individu peu amène, il présente bien des similitudes avec le snobinard blasé mais remplace le mépris gluant du sarcasme par la guillotine virtuelle de l'oukaze... En psychologie de comptoir, on appelle ça une personnalité malveillante. En langage militaire, une planche pourrie.

Antoine Quentin Fouquier de Tinville (1756-1795).
De mars 1793 à juillet 1794, il est Accusateur public du Tribunal révolutionnaire
et à ce titre réclame et obtient les têtes de Charlotte Corday, Marie-Antoinette, de
Madame du Barry, des Girondins, des Hébertitstes, des Dantonistes, d'Elisabeth de
France (soeur de Louis XVI), de Robespierre, de Saint-Just et de milliers d'autres.


Le suiveur moutonnierIndividu dont la prudence est la plus haute qualité, voire souvent la seule. Il est de ses limites. Dans un environnement professionnel collectif, il est surnommé "oui patron". Il ne s'exprime que lorsqu'il y est à son grand déplaisir obligé par une mise en cause inattendue ou un besoin de soutenir le puissant du moment mais il ne le fait qu'à contrecoeur, à grands renforts de paraphrases, en abondant toujours dans le sens du vent. Il est la quintessence de l'esprit populaire. Il est l'homme de la rue qui un jour crie "vive le maréchal" et le lendemain "vive le général". Aussi immuable que le crachin breton, les incendies de pinèdes landaises et les mises en examen marseillaises.

-Ouf. J'ai eu le temps de dire "Oui Patron" à temps...

La Fashionista
 le gugusse toujours à l'affut du truc "in", du leurre incontournable et/ou improbable, celui qui s'oublie dans une quête perpétuelle et vaine du matos qu'il faut quand il faut. Le coeur de cible du marketing halieutique. Il faut bien avouer qu'à un moment ou à un autre, on en a tous fait partie de cette pitoyable engeance quoique puisse affirmer l'avocat qu'on paye grassement pour essayer de faire croire le contraire aux lecteurs égarés sur ce blog... Rassurez-vous, un jour, ça se tasse. Un coup de fil de votre conseiller bancaire, une algarade avec votre conjointe, les cas de scorbut se multipliant dans les rangs de votre progéniture, vous aurez un jour ou l'autre l'occasion de revoir vos priorités budgétaires !!!

"Ach so, Choupette, che feux ze moulinet zinon che vais fuziller tout le monde !!!"

Le Keuplou de basele gars qui, fondamentalement va à la pêche pour aller à la pêche et traîne sur un forum de pêche pour parler de pêche. Pas en tartiner des dizaines de pages sur les vertus méconnues de l'hydrochloroquine, le complot global et ces taux de mortalité bidonnés en loucedé par des reptiliens énarques bruxellois (si j'ai bien tout suivi ?), si vous voyez ce que je veux dire ? Le Keuplou qui s'assume comme celui qui s'ignore n'est qu'un arpenteur de berges qui se contentera d'un chevesne, de deux perches, voire de n'importe quoi du moment qu'il aura passé un moment au grand air. Imperméable, indifférent et même réfractaire à toute idée de compétition, il est plus soucieux de la dégradation des milieux aquatiques que de la place sur le podium du Team Trucmuche avec son Vroum-Vroum payé par les marges bénéficiaires démentielles permises par des tarifs abusifs. Ce qui souligne sa médiocrité intrinsèque aux yeux des Samouraïs modernes amateurs de podiums ruraux dont la seule stimulation sexuelle réside dans la bise baveuse accordée par Miss Mogette récompensant le vainqueur de l'Open de Troussepinette sur Lisier, ce happening provincial pour fans de tuning refoulés. Mais vous savez quoi, camarades, entre nous, hein ? On s'en tamponne les génitoires au chènevis bouilli revenu dans le jus de vers de terreau un peu  de leurs conneries, non ?


Voilà, je pense qu'on doit couvrir une écrasante majorité de profils rien qu'avec ceux-là, non ? Bien sûr, j'ai délibérément laissé de côté les viandards congénitaux (même si on n'en trouvera toujours plus qu'il n'en faudrait dans les rangs des analphabètes caverneux, je ne me fais pas d'illusions) qui font trois petits tours sur le web avant de se faire griller définitivement à cause de photos tendancieuses. C'est vrai aussi qu'ils ont aussi leurs bons côtés : ego démesuré, idées novatrices sur la gestion de la ressource ("Le prélèvement est une méthode de gestion reconnue sinon les poissons s'éduquent") sans oublier leurs considérations définitives et par définition incontestables sur la modernisation de l'image de la pêche assénées tout en souplesse ( "Marre des petits branleurs jaloux du taux de remplissage de mon congélateur, je vais vous buter bande de petits cons qui pêchent en crastingue" ). Je sais que mon propos est réducteur, stigmatisant, pour ne pas écrire choquant pour les associations de défenses des cons & mal-comprenants. Mais c'est le mien et dans un contexte de fin du monde,  rampante certes mais Armageddon à rebours tout de même, j'assume parfaitement. 


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