mardi 9 octobre 2018

Contre la douille en plein soleil

Oh comme elle fait plaisir celle-là… On était pas loin de la dépression nerveuse en fait.
Depuis quelque temps, fortement aidé en cela par la boulimie nocturne de mes fléaux de félins félons, j'avais développé un tropisme halieutique fort matinal qui, vu le marasme régnant dans mon terroir dévasté, semblait assez opportun pour éviter autant que faire se peut la bredouille. Malgré tout, quand on m'a agité sous la truffe l'occasion d'aller crapahuter boudiné dans du néoprène toute une après-midi au soleil par une marée descendante d'un coefficient de 107, je n'ai pas hésité une seule seconde pour venir compléter le trio de Centaures de la Pampa sur le retour aussi surnommé les Expendables du Rockvibe 3" ou les Vieux Fourneaux du Blackminnow^^...
Le montage Carolina, le sauve-bredouille par conditions délicates...
Désigné d'office comme le décideur du lieu où seront donc censés se dérouler nos épiques exploits, cette responsabilité m'accable d'emblée. Hésitant comme un Edouard Philippe à l'idée de profiter du remaniement pour muscler un peu son jeu tout en mettant les rieurs de son côté en collant Benalla à l'intérieur, Nordahl Lelandais à la réforme des retraites et Gérard Darmanin à la condition féminine, je tergiverse quelques minutes avant de choisir de guider la fine équipe vers la terre promise… Enfin, bon… Vers un coin pas trop éloigné de notre tentaculaire métropole d'équilibre régional donc assez fréquenté mais qui, quoique l'on en dise, recèle encore un peu de poisson.
Comme quoi, les aspes, ça se prend vraiment à tout...

Hélas, sous un soleil de plomb, face à des eaux translucides, nous nous retrouvons en pleine déprime. Seuls quelques muloches goguenards traînent en bordure, se gaussant probablement de la vanité de nos efforts intenses. Pas un suivi sur nos leurres, pas une chasse visible aux alentours, tout ça ne sent pas bon… Et je ne parle pas de la faillite définitive de mon déodorant vaincu par la sudation qu'une couche de 3 millimètres de néoprène en plein soleil impose à mon physique d'athlète bien évidemment.
Un hameçon droit à œillet, un Swing Impact aliexpress 2"... La recette du succès.
Heureusement, le salut nous vient de Patrick qui, faisant preuve d'une logique imparable, décide de ratisser le seul coin assez profond du secteur au poisson-nageur coulant. Il ouvre du coup rapidement le compteur grâce aux petits aspes et chevesnes qui y batifolent en toute quiétude. Voyant cela, nous nous ramenons ventre à terre pour profiter de l'aubaine. Au bout de quelques lancés hasardeux, je sauve la bredouille avec une perchette peu farouche chopée à l'ondulante-fétiche du Maillochistan. Ouf.
Comment pêcher "finesse" avec une canne MH...
Cependant ce n'est toujours pas ça. Pas évident de pêcher en tresse de 20lbs avec une canne MH quand les poissons à notre portée ne font visiblement pas la taille énorme que nous attendions dans nos rêves les plus fous. C'est à dire les délires oniriques les plus contredits par les faits depuis bien longtemps dans le coin sans qu'on puisse y voir, c'est troublant, le moindre lien avec la qualité des eaux de surfaces ou la présence d'innombrables engins de pêche semés au hasard des rives du fleuve. Je ne vais pas jouer les mecs surpris. C'est pourquoi en ma machiavélique rouerie, j'avais tout prévu à l'avance en moulant quelques balles et emmené avec moi une bobine de fluorocarbone 18/100°.

Les achats somptuaires de jadis, ici un Java Stick Imakatsu 2", reprennent du service.

Alors que le cagnard montait jusqu'à des sommets pour un début octobre, je me suis monté un petit Carolina aux petits oignons. Et le reste appartient à l'Histoire… 

La fin d'après-midi a été à l'image de son début… Difficile.

Bien sûr cette tactique a ses limites : vous risquez fort de vous brouiller à vie avec vos collègues s'ils vous voient enchaîner poissons sur poissons alors que certains, les malheureux, en sont réduits à tenter de piquer par les bretelles des ides au métal-jig (private joke^^) à poste fixe. Mais elle a surtout son avantage : elle m'a purement et simplement évité sinon la bredouille, du moins de rentrer chez moi avec une perchette au compteur. Ce qui n'aurait pas excessivement redoré mon blason, déjà bien terni par tant d'années de dipsomanie champêtre, de mythomanie comptable et autres achats compulsifs peu inspirés...
L'ultime prise de la journée… Il était temps de rentrer.
Car reconnaissons-le, c'était mal embarqué. On a même frisé la correctionnelle en pêchant toute la descendante sur un spot très (donc trop…) fréquenté. La prochaine fois, il faudra sans doute revenir à nos vieilles traditions de baroudeurs de la savane et prendre les chemins de traverse pour enfin espérer voir des poissons un peu plus conséquents faire plier le carbone... 


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