mardi 13 juin 2017

Randonnée "on the Rocks"

Contrairement à tout ce que j'espérais dans mon insondable naïveté, j'ai repris le rythme aussi trépidant qu'un électrocardiogramme de bivalve mort qui a fait mon succès ces dernières années. Avec en tout et pour une sortie hebdomadaire vespérale pour assouvir ma velléité (un tantinet contrariée, je vous l'accorde) d'accéder au stade de specimen-hunter buriné, c'est peu. Bien trop peu, je le crains, pour avoir enfin matière à triompher au comptoir de mon PMU d'attache, l'oeil vif, la truffe humide et le reste à l'avenant comme se doit de le faire tout bon Tartarin de la Gaule dont la dipsomanie militante n'est pas la qualité mineure. Le compte à rebours est pourtant bien enclenché : les rivières baissent à vue d'oeil et d'ici trois semaines, les Kevin tatoués en tongs, les Totognes ronchons en camouflage et les hordes blafardes de citadins, éligibles à l'hydrocution, aux verrues plantaires et autres délices consubstantiels à une pratique décomplexée du camping-caravaning, envahiront mon biotope...
Quelques centaines de milliers de consommateurs d'eau en surplus sur une ressource déjà bien entamée, ça va être chouette. Déjà que... Inutile de tergiverser, on est très très mal barrés. En attendant la catastrophe à laquelle on échappe d'un chouia chaque année depuis quelques temps, je suis allé magnifier mon temps de liberté à crapahuter dans le lit d'une petite rivière...
Ce coin, qui est d'ordinaire assez peu profond, l'est encore moins et c'est peu dire... Pour la première fois que je le pratique, j'ai pu descendre sur plus d'un kilomètre sans quitter le lit. Ce qui ne m'était jamais arrivé car au hasard des blocs granitiques, cette rivière recelait quelques petits trous assez traîtres pour valoir une bonne baignade au pêcheur intrépide voire présomptueux. On peut désormais en l'état affirmer preuves à l'appui que le problème ne se pose hélas plus...

J'avais prévu de pêcher avec une canne ML, en 20/100° nylon pour faire dans la discrétion. Raté. C'est équipé en UL et en 16/100° que j'aurais du venir. Le matos est en soute arrivant de l'Empire du Milieu mais il m'aurait bien servi sur le coup étant donné les niveaux d'eau. Là, en mettant un Chubby au bout de la ligne, j'ai l'impression désagréable d'avoir autant de chance de choper quelque chose qu'à m'obstiner à pêcher "bigbait" dans un trou à pisse municipal aleviné une fois l'an... C'est dire si la pêche est "dure"...
Surtout que j'y mets foncièrement du mien pour la rendre plus difficile qu'elle ne l'est. A force de pousser la randonnée un peu trop loin pour mes capacité physiques déclinantes, je me retrouve épuisé, assoiffé, bref totalement déshydraté en bout de parcours alors qu'il me reste un chemin de retour plus que redoutable, farcis de cailloux couverts d'algues à nitrates à la sournoiserie légendaire et d'enrochements résolus à me briser la cheville au moindre instant d'inattention...
Dans la lumière déclinante de la fin de journée, après un périple semi-aquatique assez harassant, je m'accorde quelques instants de repos afin de boire une gorgée d'eau minérale et tenter de calmer un peu mon rythme cardiaque quand, enfin, je vois quelques chasses timides éclater sur les bordures...
Incroyable. Il reste des poissons vivants dans le secteur. Après avoir testé à peu près tous les leurres de surface à ma disposition et rencontré un échec absolu, je suis revenu à une valeur sûre : la cuillère tournante vintage venue des mystérieux confins du Maillochistan^^...
Pour ces perches rurales en diable, manifestement peu éduquées (certaines seraient même amies des Chtis à Mykonos sur Facebook...), ces leurres métalliques ; tournant certes avec la régularité d'une horloge, suisse de surcroît, mais, disons-le, ayant connu Johnny Halliday jeune ; semblent être plus attractifs qu'un popper DUO ou qu'un Bevy Pencil60... Saloperies... Et nous, braves cons, qui nous mettons en frais pour cette ingrate engeance... "Dédé !!! Remets-moi donc une Suze, tiens !!!"
Finalement, je m'en sors, sinon avec les honneurs, du moins pas si mal de cette embuscade. Certes, j'arbore une couenne quasiment cramée par le soleil, perforée par les insectes vampiriques locaux et ramenant le souvenir ému de quelques mutins contacts avec les luxuriantes forêts d'ortie qui font la beauté des lieux. D'accord, je n'étais plus à l'issue de cette sortie qu'une serpillère sur pattes, liquéfiée dans ses waders et au premier regard plus hirsute qu'un fan de Metallica ayant passé le week-end dans une lessiveuse industrielle en marche. Mais, en dépit des contingences, je ne me suis rien cassé, je n'ai pas fini la tronche en biais à l'horizontale victime de la vile complicité de la pesanteur et d'un caillou gluant et, surtout, je suis parvenu contre toute attente à leurrer quelques poissons. Comme quoi, sur un malentendu, ça peut marcher à la pêche aussi...


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