dimanche 11 septembre 2016

Bel ide en coup de speed...

Alors que l'emploi du temps du week-end ne me laissait à priori pas des masses de chance d'aller à la pêche, j'ai une nouvelle fois déployés des trésors de sournoiserie pour m'éclipser deux petites heures. J'ai honte. J'ai subrepticement chargé le matos dans le coffre de la voiture en profitant de l'inattention des autorités^^ avant de prétexter une urgence absolue à rejoindre le supermarché du coin ouvert le dimanche afin d'y acheter 12 sachets de cabillaud en sauce pour ne pas risquer de me faire bouffer par un chat affamé. J'aurai tout le temps en revenant de la pêche de trouver une explication plus ou moins plausible au laps de temps phénoménal que cet achat m'aura pris, me dis-je alors avec mon inconséquence proverbiale. Ce ne sont de toute façon pas les idées qui me manquent. Depuis le temps que je pêche, j'ai quand même, au contact de mes pairs les plus créatifs, réussi à développer un don certain pour la grosse excuse bidon !!!^^
On est dimanche. La marée est basse. Les 2be3 sont de sortie sur leur jetski. Youpi. Un trio de vieux mâles au style tout en nuances, mêlant harmonieusement couperose, bedaine et fringues camouflage, est en train de remonter discrètement ses nasses. Les joies du vivre-ensemble... J'envisage juste un petit tour de berges, histoire de voir s'il n'y a pas un ou deux leurres à ramasser quand je vois un ide venir gober violemment un truc en surface. Après quelques minutes à observer le manège, je me rends compte qu'ils n'attaquent pas les alevins mais des crevettes en train de dériver et manifestement un peu assommées par l'eau douce... Damned, j'ai pas ça dans la Plano^^...
Je décide malgré tout, avec cette impétuosité qui me caractérise, de m'aventurer un peu plus loin que d'habitude sur l'estran en espérant contre toute probabilité, prendre quelque chose dans le lit principal du fleuve entre deux passages pétaradants d'intellectuels  musclés en jetski. Je tombe alors, émerveillé, sur cette preuve manifeste de la résilience de Mère Nature, qui a fait d'un cubi, cet indispensable compagnon des bons et des mauvais jours du pêcheur ligérien, une jardinière en devenir... Midi approche, le calme se fait sur l'onde. Les 2be3 sont partis au McDo. Les vieux viandards au bistrot. Je suis seul face à la nature redevenue sauvage. On va voir ce qu'on va voir !!! Même si les premiers signes de la marée montante m'avertissent qu'il va être temps de battre en retraite si je ne veux pas crawler en waders jusqu'à Terre-Neuve^^...
Hésitant entre le risque et la sécurité, le destin décide pour moi : j'aperçois, entre deux eaux, une troupe d'ides nonchalants format bonbonnes. Le coin est rocailleux, plein de bois morts. Aie. Je fouille fébrilement mon sac pour y trouver le truc adéquat. Et là, j'ai une révélation sur le leurre à employer. Bon sang mais c'est bien sûr !!! La cuillère Caperlan que j'ai trouvée l'autre jour s'impose comme une évidence !!! Dans un petit courant de bordure, un bel ide désireux de casser la croûte confirme ma brillante intuition^^... Je pense à cet instant, dans ma grande fatuité, que le plus dur est fait. J'ai mon poisson. Il est gros. Il est à peine midi. Je suis encore dans la fourchette horaire me permettant d'avancer une excuse presque crédible genre fusillade, incendie ou émeute urbaine suite à la présence inopinée de Justin Bieber tout nu au rayon des spiritueux. 
C'était oublier présomtueusement la marée. Petit coefficient, certes, mais le chemin du retour va s'avérer des plus périlleux. Il me faudra une bonne demi-heure digne de Jack London, voire d'Henri Guillaumet, pour franchir précautionneusement une centaine de mètres, immergé jusqu'au nombril et dérapant pitoyablement sur les cailloux vaseux. Tout ça sous le regard perplexe de jeunes mamans en train de pique-niquer avec leur progéniture ; elle-même éperdue d'admiration envers le monsieur un peu rouge pataugeant dans le courant sans néanmoins perdre ni sa dignité ni sa canne à pêche tout en évitant à première vue de se noyer. Bon, d'accord, il est possible que j'exagère un peu les transports de ce public improvisé devant mes exploits... Mais pour une fois que je fais l'andouille en provocant une vive réaction chez des jeunes femmes ( même si cette réaction consiste en un "n'approchez pas du monsieur tout vaseux, les enfants !!!"), j'ai le droit de rêver un peu, non ?^^



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