jeudi 28 juillet 2016

The Great Rod'n'Reel Swindle

Très souvent, lorsque j'exhibe à un profane mon superfétatoire arsenal de leurres aux teintes chatoyantes, aux hameçons affûtés et à l'aspect outrageusement moderne, ce dernier émet des doutes sérieux quant à la probabilité qu'un poisson, même daltonien, puisse attaquer l'un d'entre-eux en le confondant de bonne foi avec une proie naturellement présente dans son biotope nitraté. Pratiquant essentiellement la pêche dans le domaine public de Loire-Atlantique, je ne suis pas loin de partager cette réserve. Néanmoins, à mon humble avis ( basé sur quelques décennies de pratique plus ou moins placées sous le sceau du succès ), ce ne sont pas les coloris à peine crédibles en dehors des récifs coralliens, la forme alambiquée ou la sonorité de maracas épileptique des artifices qui sont causes du marasme. Le pire leurre finit toujours par croiser la dentition d'un brocheton compatissant. C'est plutôt, dans ces eaux déplorablement dégueulasses, le manque dramatique de poissons  assez gros pour être susceptibles de les gober qui en est, à mon avis, responsable...
Oh, bien sûr, me direz-vous, il reste des solutions quand on ne veut pas gâcher sa belle jeunesse ou sa pré-retraite à pêcher en pure perte ( tout en dilapidant sa réputation virtuelle de super-pêcheur ) dans un bouillon de culture hésitant entre la consistance de la soupe au cresson et celle du vomi de martien. Il suffit de faire joyeusement le plein de gasoil et d'enquiller à la primesautière des centaines de kilomètres dans le  week-end, histoire de découvrir des eaux provisoirement préservées des ravages de la production céréalière... C'est pourtant simple. D'autant que tout le monde en a les moyens, voyons... Sinon on ne vendrait pas autant de paquets de leurres souples à 20 euros, des moulinets à 300 ou des cannes à 600 à un public de "spécialistes sensibilisés à la pérennisation de la ressource" , hein ?... Ben tiens... J'attends de voir vos tronches devant votre nouveau chiffre d'affaire, les mercantis,  quand tous les quartiers maritimes auront imposé le quota journalier de bar(s) conservé(s) à vos clients amoureux de la nature...
Bref, ce ne serait soit disant pas bien compliqué d'éviter que nos parties de pêche finissent sempiternellement en déroute : il suffirait manifestement d'engraisser Cofiroute. Malheureusement, y compris après avoir lâchement abandonné Bobonne et les deux enfants et demi sur l'aire de repos, on ne peut même plus aller voir en toute quiétude si les algues sont plus vertes chez le voisin du voisin. En bataillons serrés de casse-burnes indécrottables, il faut qu'ils sortent de leur poubelle la morale en bandoulière, tous ces jaloux sans grade, ces crasseux anonymes, les obscurs pas beaux même pas sponsos qui trouvent toujours à redire sur les moeurs de l'élite. La peste soit de ce genre de malfaisant qui trouve à gloser sur une prétendue contradiction entre la pratique du no-kill et la fréquentation éperdue des McDonald's en nocturne !!! Difficile de conserver son sang-froid devant leurs insidieuses questions propres à jeter le discrédit sur une caste jusqu'ici intouchable : "Dis-moi, Einstein, à quoi ça sert que tu remettes ta truite d'élevage dans la flotte alors qu'avec  rien que ce qui est sorti de ton pot d'échappement ce week-end, tu as sans doute liquidé froidement une famille d'ours blanc ?"
 
Il serait temps de respecter un minimum ceux qui conceptualisent, qui innovent et qui pondent à la laborieuse des articles biscornus truffés de fautes sur des sujets plus que rebattus. Un peu de respect, bordel !!! Et ce n'est pas parce que les viticulteurs, les agriculteurs et les jardiniers du dimanche ont flingué votre bassin versant plus efficacement qu'un Gengis Khan qui aurait disposé du napalm qu'il faut vous estimer dispensés de consommer pour faire tourner la machine. Attention, le leurre-miracle, le truc ultime de la mort qui tue fatal grave, celui qui vous fera prendre la dernière perchette survivante du comté, je suis sûr vous ne l'avez pas encore acheté...


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