Et oui, je suis enfin en train de retrouver mon latin !!! Une matinée sans contraintes et zou hop là, je redeviens ce pétulant sauvageon outrageusement sexy dans sa gigoteuse en néoprène. C'est parti pour un (rapide, j'ai quand même des impératifs horaires, poil au phacochère) coup de pêche en waders sans avoir à me trimballer mon pauvre Youki. Cela me fait tout bizarre, j'ai l'impression d'oublier un truc, c'est une sensation assez gênante au final car je passe mon temps à me retourner pour voir s'il n'a pas trouvé le moyen de briser sa laisse et de partir à l'aventure baguenaudant de la truffe, frétillant allègrement du croupion et fin prêt à faire subir les derniers outrages à la première demoiselle caniche abricot croisée aux alentours. C'est une nature.
Mais aujourd'hui, exceptionnellement, Youki est consigné. Je peux arpenter triomphalement ce qu'il reste de rivière sans qu'il ne me perturbe ni qu'il ne me déboite une vertèbre. Profitons donc de cet instant de grâce. Après avoir expédié mon labeur du jour en une heure de temps, je fonce vers la moiteur putride du Glyphosatistan du milieu, Bon Scott hurlant à s'en péter les amygdales sur l'auto-radio. Je suis pas venu pour tricoter, que les choses soient claires.
Pouvoir de nouveau patauger en waders même si, soyons franc, en tongs et en short, ça aurait pu le faire pareil, c'est renouer avec une certaine forme de liberté. Sur une rivière comme celle où je sévis usuellement, pêcher du bord, c'est passer après des dizaines d'autres. Autant dire que prendre quoi que ce soit participe plus de l'incongruité statistique que du talent inné du pêcheur d'élite vu sur YouTube. Oui, une fois la ceinture abdominale protégée de l'humidité de 5 millimètres de néoprène un chouia superfétatoire au niveau du calorifique, l'homme de goût peut savater la pampa aquatique à coups de Veltic vintage et décimer les perchettes ayant survécu à cet été de feu.
De part ma nature profonde, je suis un gros flemmard. J'ai donc très peu changé de leurres : l'imitation du crankbait de très petite taille X30 Megabass a ouvert les débats. Au bout d'une demi-douzaine de perches, je suis passé à un petit pencil-bait aliexpress lui aussi qui n'a pas mis longtemps à se faire intercepter par ce que j'ai cru l'espace de quelques secondes fatales être un gros chevesne. Aie. Non, raté, c'était un brochet de facilement 70 centimètres qui a mis à profit ces quelques secondes de nonchalance pour passer sous une souche et exploser mon bas de ligne. Enfer et pute en faction comme on dit avec cette virile pudeur non dénuée d'une ironie douce-amère typique de l'infanterie de marine.
Bon, je m'en fais pas trop pour l'ésocidé furax, il était piqué à l'extérieur du bec avec deux simples sans ardillon... Mais perdre un leurre aliexpress silencieux, tout chromé et payé une somme avoisinant les deux euros frais de port compris, c'est tout de même d'une rudesse propre à me faire maudire cet écornifleur malvenu. Qu'à cela ne tienne, mordiou !!! J'ai quartier libre, profitons-en. Après avoir pris une dizaine de poissons grâce à une Veltic vintage, je passe à l'AR-S Blux pour continuer à ratisser les zones de courant, car il en reste même si elles ne sont guère profondes. Les perches semblent approuver, j'en prends ainsi une bonne vingtaine sur une centaine de mètres. La forme revient.
Pour finir, je gratterais en retournant vers mon point de départ les bouillées d'herbiers et les abords d'un petit pont à l'aide d'un petit Easy Shiner 2" de chez SuperContinent afin de prendre les récalcitrantes. Mission accomplie avec quelques autres petites voraces au compteur. Il est midi, je pêche depuis bientôt deux heures et le soleil cogne. Suant comme un phoque au sauna, je tente tout de même un spot acrobatique dans l'inavouable but de piquer l'énorme perche qui y squattait au mois de mai. Hélas, elle n'est pas là. Seuls deux perches moyennes oseront suivre sans trop de conviction les leurres proposés à leur supposée concuspiscence.
Il est une heure passée et il me faut remonter à la voiture, ce qui, vu le dénivelé, est déjà un exercice pénible par températures tempérées mais qui là, avec le mercure en ébullition, tourne au reportage tapageur genre 52 sur la Une "La Légion à l'épreuve de l'Enfer vert sans même une Kronenbourg fraîche à l'étape". Punaise, je suis vraiment trop vieux pour ces conneries...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire