dimanche 4 juillet 2021

Un week-end actif entre deux ondées

Ah un peu de calme, ça fait du bien. Plus d'obligation footballistique cocardière à l'horizon au grand dam de mon voisin qui, non content d'arborer fièrement un étendard tricolore à son balcon, se croyait déjà irrésistiblement parti pour d'ineffables beuveries en terrasse privative entrecoupées d'éructations chauvines et autres insultes xénophobes avant le triomphe en finale. C'est un homme à terre que les Helvètes ont laissé. Il n'a même plus goût au tuning automobile qui faisait auparavant sa joie, j'en ai peur. Encore un destin brisé par un penalty raté. On est bien peu de choses. Pour rester dans le marasme automobile, je ne sais si je puis me permettre d'évoquer les débuts laborieux de ce week-end halieutique mais, croyez-moi, un carambolage sur une 4 voies, ça ne met pas son pêcheur en avance sur l'horaire...


En effet, par un hasard calendaire bienvenu, j'avais l'occasion d'aller à la pêche trois jours de suite. Pas toute la journée non plus, hein, ne versons pas dans l'utopisme mâtiné de romance. Le week-end précédent, j'avais payé de ma personne en amenant Tic & Tac, deux de mes plus ardents disciples en culottes courtes, crapahuter dans les méandres boueux d'une brousse perdue. Avec un succès éclatant, dois-je le confirmer, puisque l'un des deux petits monstres a enfin ouvert son compteur "brochet" !!!


Vendredi après-midi, je me suis engouffré dans la pampa à la recherche de quelques spots miracles. Le temps orageux à tomber par terre ne m'a pas aidé. J'avais déjà bu mon litre d'eau sur le trajet routier. Les petites bêtes d'orage m'ont littéralement dévoré et je n'ai pas cassé des briques, loin de là. Le parcours est sympa mais à refaire à l'automne...


J'ai quand même pris une jolie perche (celle décrochée lors de la sortie avec les petits, je crois) d'environ 35 cm. Hélas, vu que j'étais zombifié au niveau des réflexes, totalement déshydraté et à la limite du coup de bambou, elle est retournée à l'eau avant la photo, ne me laissant que l'opportunité d'immortaliser la cuillère gagnante du jour. 


Un dernier arrêt sur un "spot-ressource" me vaudra une ultime perche avant que je n'écourte la pantalonnade. Il faisait trop chaud pour pêcher de toute façon. Ce début de saison qui oscille entre orages ultra-violents, coulées de boue et journées moites que l'on passe à cuire dans son jus ressemble de plus en plus à une préparation physique robuste à Koh Lanta plutôt qu'à un début d'été en pente douce. Il y a plus de saisons, ma bonne dame.


Dans la nuit, alors que dans les chaumières helvètes et les HLM en briques rouges des banlieues d'Outre Quiévrain, on pleurait à chaudes larmes, qui dans sa fondue, qui dans sa fricadelle sauce samourai, les espoirs déçus, l'orage est revenu. On commence à avoir l'habitude. Ayant consulté vigiecrue de bon matin, j'ai décidé d'un point de chute me permettant de jouer des waders sur quelques centaines de mètres, sauf que... La rivière a pris 50 cm depuis la veille. Damnitude. Les pelles des moulins sont grandes ouvertes, ça va être tendu...


Effectivement, pas de surprise, ça ne se présente pas de la manière la plus optimale. Par bonheur, j'ai quelques tours dans mon sac de vieux trappeur poilu. Un petit shad dégoulinant d'attractants proposé par une boutique chinoise va me permettre sinon de sauver la face, au moins d'éviter la bredouille...


Hélas une fois le secteur exploité, les points de chute se raréfient, tant la propriété privée fleurit sous ces latitudes. La hausse du niveau d'eau me contraint à pêcher rivulaire. Autrement dit à poncer les spots pratiqués par 100% des pêcheurs locaux. Inutile de préciser que les poissons sont aux aguets.


Mais en début d'après-midi, la chaleur moite revient. Mes habits sont à tordre tellement j'ai sué dedans. Je décide de m'arrêter sur un dernier coin vite fait avant de rentrer, d'autant que je n'ai déjà plus d'eau. Arrivé sur place, je ne peux que constater amèrement que la rivière est d'une turbidité plus établie que quelques kilomètres en amont. Ouille ouille ouille. Perdu pour perdu, je tente le coup sans conviction. Au troisième lancé, un chevesne tape court sur ma Veltic. Youpi. Quelques mètres plus bas, c'est un petit brochet qui, à l'orée d'un radier, se décroche sur une cabriole. Finalement, il reste encore un peu d'espoir. Et là, enfin, c'est la touche d'un bon gros chevesne bien grassouillet qui me réveille. Il était temps. Le combat est épique. L'épuisette est restée dans la voiture et il y a un bon mètre de dénivelé entre votre serviteur et l'onde... Presque claire. La solution se trouve une fois de plus dans l'improvisation éclairée : je cale la canne dans une fourche d'arbre, desserre le frein juste ce qu'il faut et cavale jusqu'au parking récupérer ma seule chance de voir le poisson. Un mini footing plus tard, réalisé sans trucage ni infarctus, en ne m'arrachant qu'une moitié d'épiderme de mollet sur un roncier chafouin dissimulé sous une forêt d'orties, il ne me reste plus qu'à me vautrer dans l'ambroisie pour triompher de la Bête !!!


Bon évidemment, la photo ne rend pas hommage à ses dimensions herculéennes mais que voulez-vous, le simple fait de l'avoir pris à la régulière dans des conditions picaresques m'a sauvé mon samedi. Passons maintenant au dimanche durant lequel j'ai résolument changé d'aire de rigolade. Direction la grande banlieue, son béton, ses particules fines, ses gangs de jeunes assoiffés de sang !!!

La transhumance étudiante estivale, un spectacle d'une beauté magistrale.

Tout se présentait sous les meilleurs auspices, le matériel était au complet, j'étais chaud-bouillant quand, paf pim poum, un orage m'est tombé sur le coin du museau. La rivière a commencé à se teinter d'importance. Je la connais bien pourtant, cette bougresse : trois gouttes de pluie, c'est la bouillasse, trois semaines sans pluie, c'est un arroyo déshydraté. 

Les carpes en sortie d'eaux usées, un classique local...

J'y décrocherais un joli brochet, louperais deux gros chevesnes (mais on se reverra, petits fumiers^^) et enquillerais péniblement quelques perches avant de céder devant deux grosses averses supplémentaires. Ce n'est que partie remise, j'y retournerai cet été car par eaux plus claires, il m'est avis qu'on peut y faire de belles pêches.


On est plus trop dans le bucolique, voire plus dans le trip "New York 1997" que dans "les enfants du marais" mais quoi qu'on en pense, ça reste de la pêche. J'ai hâte de me faire un petit trip en waders dans cet environnement banlieusard, ça risque de valoir son pesant de cailloux de crack. Oui, je sais, mais ils n'ont pas l'air très cacahuètes dans le secteur.




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