On ne peut guère affirmer, sans
tomber illico dans le diffamatoire graveleux, qu'en ce moment,
j'enquille les sorties-pêche avec une diligence extrême. Soit. Je vais
pas en faire un caca nerveux. C'est abominablement frustrant, certes,
mais il y a malheureusement beaucoup plus grave dans l'existence. On ne
compte en effet plus les raisons qui peuvent pousser l'humanité à être
mécontente de son sort, voire à s'arracher métaphoriquement les cheveux, en lançant à
un ciel indifférent des imprécations hystériques. Faire du camping
sauvage en famille à la frontière libanaise depuis 5 ans, se lancer dans
la prometteuse carrière de démineur au Cambodge pour conserver son RSA
ou même continuer à tracter au péril de sa vie sur les marchés quand on
est militant socialiste, sincèrement de gauche et se voulant proche du
peuple, voici, parmi des millions d'autres dramatiques exemples, de quoi relativiser, à
l'aune de la condition humaine, ses petits malheurs...
Par où commencer ? Par les adolescents fumeurs de drogue, accablés du poids de leur loisir et dont la distraction favorite s'est avérée être constituée par le bris en réunion de bouteilles d'alcool sur la chaussée ? Ou alors par ce phénomène de vifeur, véritable fils caché d'Hulk et de Robert Chapatte, posant délicatement, en toute ingénuité, ses vers canadiens sous bouchons fluorescents de 50 grammes au beau milieu de la frayère à black-bass classée no-kill ? Passons sur l'électeur mariniste de base, pétulant néandertalien aux cheveux ras, boudiné dans son survêtement satiné, faisant se baigner Himmler, son malinois d'appartement, au milieu des chevesnes que je couvais jusque là d'un oeil concupiscent. Gardons aussi un silence charitable sur la sympathique horde de gitans bourrés jouant aux boules au bord de la petite rivière et dont l'un trouvera tout à fait à propos de balancer une couche-culotte pleine de merde fraîche au milieu des renoncules d'eau... Bucolique, quand tu nous tiens... Pour finir, j'ai eu l'immense privilège de croiser la route de deux hipsters pour comices agricoles, fringués comme n'oserait pas le faire ( au moins à jeun... ) un Chti à Mykonos. Les deux futures stars métrosexuelles du street-fishing local tentaient de faire "réagir" ( bel euphémisme pour grapiner... ) à la Mepps Aglia n°3 des tanches en train de frayer et que ces boeufs à casquette avaient visiblement confondues avec des bass... Spectacle édifiant, malheureusement trop tôt interrompu pour cause de perruque d'ampleur biblique^^...
Si l'on y rajoute les innombrables piqûres d'insectes rendus fous par le pic de chaleur, la frayeur de ma vie quand un molosse à peine plus petit qu'un grizzly et aussi aimable, m'a averti vigoureusement (et ce, à moins d'un mètre de mon oreille gauche qui en éprouve encore les stigmates...) que je venais de mettre imprudemment la botte sur sa propriété privée ainsi que le bouquet final ; en l'occurrence la petite heure passée sous un soleil de plomb dans un embouteillage improvisé ; vous comprendrez facilement que je n'ai pas perdu ma demi-journée. Heureusement que je ne m'étais pas déplacé uniquement pour la pêche sinon il y en aurait eu assez pour me faire virer misanthrope... Au moins de façon saisonnière. Cela dit, quand on sait jusqu'où peuvent aller dans le raffinement certains esthètes particulièrement méritants, la misanthropie, au fond, n'est qu'une approche homéopathique du problème... Car, croyez-moi sur parole, on songe sérieusement à radicaliser le concept quand on met le pied sur une carcasse de silure ayant eu tout le temps de fermenter au soleil...
Voila, il fait beau, il fait chaud et ça fait sortir en short tous les blaireaux... Tous aux abris !!!^^
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