mercredi 2 novembre 2022

Petit tour au Bassinistan

Ce qu'il y a de pratique lorsque l'on est à terre, c'est qu'on est pas si loin de se rendre enfin utile en devenant un compost certes très moyen mais bon, pour le prix, on ne va pas chipoter. En effet, sur ce blougue, il va de soi que nous sommes entre gentlemen, pas comme chez les pousse-mégots qui hantent le Bon Coin en pleurnichant pour un euro de remise. Si on pousse un peu plus loin l'auto-satisfaction, j'en serai même à me convaincre qu'à force de mordre la poussière en me relevant près à en découdre de nouveau comme un méchant de série Z, je suis un peu comme Antée. Ce qui tombe merveilleusement bien en période d'Halloween. Poil à la strychnine. 

Pour revenir à la pêche à la ligne avec des trucs gluants agrémentés de colifichets somptuaires du plus bel effet, je ne vais pas une fois de plus faire dans l'originalité : comme tous les ans, il n'y a pas assez d'eau dans le marais poitevin pour la Toussaint. Les postes à bass sont à sec et il nous faut chercher dans le lit de la Sèvre niortaise (c'est à dire au petit bonheur la chance...) les poissons. L'eau est inhabituellement claire pour la saison, ce qui motivera un nombre indécent de suivis sans suite tant notre présence sur la rive ensoleillée et vide de tout abri a été frappée du sceau de la discrétion.


Pourtant, l'obstination a fini par payer, facilitée de surcroît par l'hyperactivité des juvéniles réveillés par les températures pré-estivales. Quand on a 25° l'après-midi, il est difficile de se rendre compte que novembre n'est qu'à quelques journées. Cela dit, l'expérience des automnes de jadis nous a démontré maintes fois que sans refroidissement significatif, niveaux d'eau cohérents pour la saison et un minimum de courant, espérer prendre quelques jolis poissons, surtout du bord, reste un doux rêve.

Pour la première journée, il nous aura donc fallu nous contenter de quelques pin's particulièrement retors, reclus sous les racines de saules et faisant plus la gueule que Damien Abbad à jeun dans une soirée Amish. Le deuxième jour, un ciel plombé et une chaleur étouffante nous ont complètement déstabilisés. Que faire ? Tout tenter sur le bass ou nous résoudre à pinser les perchettes en folie ?

Et bien, si l'on excepte le point du jour durant lequel, depuis une passerelle perdue dans la brousse, nous avons enchaîné les perches et les kiki bass, là encore, la journée a été longue et il a fallu bidouiller entre split-shot, drop-shot et têtes plombées ornant fièrement qui un shad de 2" qui un shad de 3" (il y a des ambitieux parmi nous...).

Au risque de jouer les tueurs de glamour, il est évident que nous n'avons rien pris de bien gros. L'immense majorité des prises a été constituée de pin's gloutons, hélas. Mais je ne regrette pas d'avoir profité un peu honteusement de cette météo outrageusement clémente que nous offre avec sa générosité jamais prise en défaut ce bon vieux réchauffement climatique qui, avec ses auxiliaires dévoués de la FNSEA, va flinguer le marais poitevin dans un délai inconnu mais plus court qu'on le croit, j'en ai peur.

C'est sur une série de perchettes embusquées en bordure que se terminera l'escapade champêtre. On a vu mieux, on a connu pire, sachons savourer l'instant présent. Après tout, la pinsothérapie, c'est tout un programme pour qui a besoin de se laver le dedans de la tête, non ?





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