vendredi 30 avril 2021

Ramassage à la petite cuillère

Cette semaine, foin de folles escapades et autres picaresques sagas campagnardes de tranche-montagne 2.0. C'est le retour à la réalité. Il ne me reste comme fenêtres de tir halieutiques que peu de temps et je me retrouve, à mon grand désarroi, contraint et forcé de déployer mes talents sur les rus étiques du Hurepoix pittoresque. Pour commencer, alors que nous sommes seulement fin avril, les niveaux d'eau sont d'une bassesse digne des arguments développés par des invités réguliers de Pascal Praud. Les ateliers "insertions des classes dangereuses par le traitement à la Patton des espaces verts" ont correctement fait leur job : à moins de 10 mètres du ruisseau, pas un arbuste ne dépasse les 12 centimètres de haut, offrant ainsi un camouflage assez minimaliste au traqueur de chevesnes...


Certes, il en faudrait plus pour intimider un baroudeur de ma trempe. J'ai quand même assisté du temps de ma jeunesse difficile à des concerts de rock en basse Vendée, faut pas déconner. J'ai même, moi qui vous parle, pris l'apéritif à Saint Brieuc. Bref, vous reconnaitrez avec aisance qu'affronter des situations extrêmes ne constitue pas un obstacle insurmontable pour un vétéran de ma qualité. Autrement dit, éviter les monômes de rombières coquines démasquées de frais randonnant le long du petit pipi précité tout en évitant de dégrader mes croquenots au hasard de déjections tant canines qu'équines est un jeu d'enfant hyperactif pour votre serviteur !!!


Reste l'essentiel de la démarche : prendre du poisson dans un petit 20 cm de flotte assez torrentueux malgré tout. Pour cela, je bénéficie bien évidemment de ma botte secrète : la cuillère tournante vintage. En mode ultra-léger, c'est un moyen comme un autre de profiter d'un laps de temps trop court pour courir au loin pêcher les grands gabarits mais suffisamment long pour arpenter scrupuleusement les berges rases de ce cours d'eau minuscule mais pourtant peuplé de chevesnes, perchettes et goujons. 


Sans compter que la pêche y est réellement "technique". Je sais que ce terme fait partie de l'idiolecte compassé des pastèquocéphales qui trouvent toujours "super technique" de faire deux pauvres poissons sur une journée de pêche complète sur un lac ou un fleuve renommés à bord d'un bateau trimballant une électronique à faire pâlir de jalousie l'US Navy, 25 combos différents et disposant à merci de tous les leurres gratuits mis à disposition par leur généreux sponsor... Sauf que là, avec un vent soutenu, placer une cuillère n°1 à quelques mètres sans se faire repérer au préalable dans, je le répète, 20 centimètres de flotte, ça confine par moment aux Beaux Arts. 


D'autre part, au cours de mes pérégrinations, je me suis rendu compte qu'un des bras de la "rivière" était en chômage pour permettre à l'atelier-nature Attila 78 d'y arracher quelques nénuphars superfétatoires. La totale. Du coup, en aval, le bras toujours en eau en contient moins mais courant plus !!! Ce qui rend la pêche encore plus difficile car le temps de travail de la cuillère dans l'eau ne se compte plus en mètres mais en décimètres... Ouille.


Un de mes spots favoris était lui complètement vide de poisson et pratiquement d'eau car un riverain ou un vandale y a enlevé plusieurs pierres du vieux seuil, rendant la vasque en aval totalement à portée d'un héron entreprenant. Malgré quelques poissons pris et la satisfaction de pouvoir marcher dans la verdure, même si le cadre est difficilement comparable au Mato Grosso, j'ai ainsi fait un peu le tour de la question. Avec la moitié du linéaire disponible à sec ou approchant, le parcours ne présente plus grand intérêt. Et ça, ce n'est pas une excellente nouvelle.


Néanmoins, je ne vais bouder mon plaisir d'avoir pu enfin retourner marcher le long de ce filet de flotte coulant au beau milieu de l'ISFistan. J'y retournerai sans doute à l'occasion car je n'ai aucune espèce d'amour-propre et le démon de la pêche me poussera, hélas, à tenter de nouveau d'y accrocher au bout de la ligne sur un malentendu un poisson énorme (il doit bien y rester un ou deux jolis chevesnes, sapristi !!!). On ne se refait pas. On s'aggrave.



dimanche 25 avril 2021

Ouverture 2021

Disons les choses clairement, cette ouverture anticipée m'a laissé en bouche un goût étrange. Pour une fois que je disposais de deux jours pleins pour aller faire le guignolo au bord de l'eau, le vent soufflait dru, de nord-est et, au moins en matinée, était tout à fait dissuasif. Pourtant, samedi, dès l'aube, vers midi, j'ai rejoint les berges de Seine afin d'explorer quelques parcours repérés avec minutie sur internet. Las !!! Les accès n'existaient pas, tout était en terrain privé et j'ai dû piteusement me rabattre sur un spot archi-connu. De toute ma demi-journée, je n'ai vu qu'un gros chevesne suivre avec un dédain superbe une lame vibrante bricolée à base d'une cannette de coca zéro, ce qui en dit long sur l'intérêt résidant dans le fait de risquer la banqueroute en engraissant Ultimate Fishing... N'en déplaise à quelques influenceurs méridionaux qui te claquent des doublés de brochets maousses dès le matin que ça en devient indécent.

Bref, samedi s'est mué en désastre. Il me restait dimanche. Là, changement de programme, je mets le cap à l'ouest vers les terres beauceronnes, ce petit paradis du tuning. Evidemment, comme je suis parti en fin de matinée, tous les parcours ont déjà été fréquentés par la fine fleur du sportswear camouflage indigène. Bon... Va falloir faire parler l'expérience.

Après l'essai de divers leurres qui se sont avérés satisfaisants au niveau de leurs performances de nage et de lancé, c'est un petit "Easy Shiner" aliexpress sur une TP palette maison qui m'offre la délivrance avec un brochet certes pas énorme mais délicieusement synonyme de non-bredouille. Après avoir délaissé le souple pour le dur, en l'occurrence un Deracoup 7 grammes en version aliexpress, j'y vais de mon doublé de perches avant de décrocher la troisième et de ruiner le spot... Damned. Je m'avance de quelques dizaines de mètres, histoire de gratter un poste à peu près similaire quand là... C'est le drame. Un énOOOOOOOOOOOOrme brochet chope le Deracoup sous mes yeux. La bête est métrée, aucun doute. Mais la tardigradite, cette maladie orpheline ne frappant que deux personnes en France, François Bayrou et moi même, ne connait pas de dimanche, la fourbe... Je la décroche et je me laisse glisser le long d'un arbre, dépité, lessivé, ne trouvant plus l'énergie pour hurler ma détresse à la face d'un monde cruel réfugié dans une indifférence déplorable.



Quelques minutes plus tard, me secouant énergiquement pour sortir par le haut de cette dépression soudaine, je retourne pêcher. Un petit brochet supplémentaire se laissera tenter par un Cannibal Shad 65 de chez Super Continent, une boutique aliexpress dont je chante assez régulièrement les louanges mais ce sera tout. En effet, peu désireux de voir mon carosse se transformer en citrouille à 135 euros, il me fallait anticiper le couvre-feu et prendre la route du retour. Voila, le cirque va probablement faire relâche une semaine ou deux maintenant...



samedi 3 avril 2021

Bricolages en tous genres afin de sublimer notre désormais traditionnelle réclusion printanière...

Et nous y revoila. Certes, notre Leader Suprême tient absolument à ce que le terme "Confinement" soit banni de notre vocabulaire. Nous ne sommes PAS confinés. Après des limitations de déplacement à 1 ou 20 kilomètres, maintenant, on ne sait pourquoi, c'est 10. Sauf si on veut aller au click & collect d'Ikea à 29,5 kilomètres récupérer un barbecue format industriel, qu'on va voir Pépé & Mémé entre deux injections d'Astra Zeneca pour le week-end ou qu'on a envie de rouler un peu pour débrider le Cayenne. Nous sommes en République, que diable !!! Evidemment, si l'on excepte le fait que les écoles seront fermées trois semaines (dont deux semaines de vacances, quel effort !!!!), notre Sauveur de la Nation se contente d'étendre à tout le territoire une méthode qui a lamentablement échouée dans trois régions. Bref, on ne peut qu'attendre le succès total et espérer une sortie de crise vers début juin, aux environs de la Saint Glinglin.



Du coup, ça va être tendu. Heureusement que je viens de déménager et que j'ai désormais le bien le plus précieux du monde : un jardin... Il va donc être temps de mettre en oeuvre ces bricolages sans cesse repoussés sous les prétextes les plus fallacieux cachant médiocrement une flemmatite aigue. En effet, ces petits bouts d'aluminium découpés, collés et harmonieusement adaptés seront, j'en fais ici le serment solennel, d'une utilité extrême dans quelques semaines pour débusquer les percidés fluviatiles. Ou alors ils finiront piteusement au coin d'une embâcle, certes, mais sans m'avoir délester d'un billet de 20 euros.

Bricolage basique, matière première disponible gratuitement ou presque, coût de revient dérisoire, bref, un travail dans mes cordes qui risque bien de m'occuper une paire d'heures. Il faut bien se donner des objectifs à court terme dans cet univers trouble, non ?