Si d'aventure, vous vous perdiez dans les méandres insalubres d'un forum de pêche hébergeant de par le fait des esprits supérieurs incapables de s'empêcher de déroger en se rabaissant au niveau du vulgaire pour de vagues querelles subalternes concernant tout sauf l'halieutique stricto sensu , vous seriez pour le moins surpris de découvrir que certains grands penseurs y sévissant mènent leurs propres recherches sur les causes, conséquences et possibilité curatives ayant trait à la pandémie pangolinesque qui nous brime allègrement depuis environ un an. Oh oui, je ne le sais que trop bien et vous avez raison de me le renvoyer dans les gencives : je n'ai qu'à ne pas m'en occuper. Sages paroles en vérité car en effet, suivre même à distance les péripéties des ex-fans de Raoult toujours en train de rattraper leurs fariboles de la veille contredites par la volonté implacable des faits à grands renforts de pathétiques pirouettes rhétoriques capables de provoquer par leur puissance comique involontaire l'énurésie soudaine voire massive de tous les teckels du Mecklembourg (dont la plupart, pourtant, n'entretiennent, en braves canidés prussiens disciplinés qu'un lointain rapport avec la Francophonie mais ceci est un autre débat, merci) est un travail à plein temps qui ne nourrit pas son homme et pourrait même pousser des âmes moins bien trempées dans la déprime, le renoncement et la misanthropie. Mais je suis un incorrigible bretteur mû par une Schadenfreude guillerette l'autorisant à mitrailler à vue les pénibles peigne-culs pédants.
Quand on en arrive à ce point, il ne reste plus qu'à inverser la perspective. Si l'on se croit autorisé à causer sciences, médecine, politique prophylactique à l'échelon mondial alors qu'on est rien qu'un pignouf besogneux rendu hargneux par le confinement, pourquoi ne pas pousser le curseur de la connerie brute vers les confins écarlate du boitier, en posant une question de pêche sur un forum de médecine, là où on trouve des spécialistes reconnu(e)s dont une proportion écrasante a déjà posé un sparadrap, voire les bons jours est tout à fait en mesure de mettre un cachet effervescent dans un verre d'eau sans perdre son sang-froid ? J'avoue que j'ai immédiatement été séduit par le challenge. J'ai donc posté innocemment une question sur le Mort manié et ses avantages sur le forum docteurmaboul.net. Comble de l'ironie, j'ai reçu moult réponses circonstanciées de la part de divers intervenants sympathiques et n'ayant visiblement rien d'autre à bouiner un jour ouvrable. Jean-Bernard, chef d'entreprise des Yvelines, m'a gentiment indiqué que les morts n'étaient pas comptés en charges sociales et qu'ainsi un bon nécromant serait toujours le bienvenu dans le bureau de son DRH. Jinau, jeune startuper haitien du Val-d'Oise, m'a lui assuré que les mortes manuelles, c'était du bon Juju et qu'il en engageait régulièrement dans ses salons de massage. Quant à Kimberley, j'ai particulièrement goûté son exposé très complet sur la série des Walking Dead et les usages récréatifs et/ou sécuritaires qu'Alpha, Negan ou le Gouverneur ont su tirer des hordes de morts-vivants qui égayent de leurs sourires candides cette série à l'optimisme primesautier revigorant en ces temps où la morosité semble avoir posé ses valises.
J'en ai ainsi un peu abruptement conclu que quel que soit le sujet dont on se met à débattre imprudemment avec des quidams pris sinon au hasard, du moins pas triés de manière drastique en amont, on y rencontrerait irrémédiablement un échantillonnage de profils intellectuellement aussi désastreux que celui que nous subissons tout au long de notre vie dès que le destin, ce fils de chien galeux scatophile zigzagant de crottes en crottes afin de nous réserver la pire, nous impose des interactions sociales. Le gros con du bac à sable, le gros con du cours de sport, le gros con de la colo, le gros con de Semaine (souvenir pour ceux qui ont fait leur régiment), le gros con du boulot, le gros con du monde virtuel dont la cousine est ASH qui connait donc personnellement le fils de la concierge de Dédé Raoult, le gros con qui tire sur ses carpes Koi au calibre 38, le gros con qui sniffe de la colle à maquettes en sifflotant le Horst Wessel Lied... Je n'en peux plus de ces insondables cons et de leurs conneries respectives. Vivement le dernier épisode de la trilogie Confinement (s'il se produit un jour) que je puisse enfin renouer avec cette reposante sociabilité de mine anti-personnel qui me met d'ordinaire à l'abri de cette hideuse promiscuité que nous infligent les réseaux dits sociaux.