vendredi 29 janvier 2021

Spécialisation, piège à cons

Si d'aventure, vous vous perdiez dans les méandres insalubres d'un forum de pêche hébergeant de par le fait des esprits supérieurs incapables de s'empêcher de déroger en se rabaissant au niveau du vulgaire pour de vagues querelles subalternes concernant tout sauf l'halieutique stricto sensu , vous seriez pour le moins surpris de découvrir que certains grands penseurs y sévissant mènent leurs propres recherches sur les causes, conséquences et possibilité curatives ayant trait à la pandémie pangolinesque qui nous brime allègrement depuis environ un an. Oh oui, je ne le sais que trop bien et vous avez raison de me le renvoyer dans les gencives : je n'ai qu'à ne pas m'en occuper. Sages paroles en vérité car en effet, suivre même à distance les péripéties des ex-fans de Raoult toujours en train de rattraper leurs fariboles de la veille contredites par la volonté implacable des faits à grands renforts de pathétiques pirouettes rhétoriques capables de provoquer par leur puissance comique involontaire l'énurésie soudaine voire massive de tous les teckels du Mecklembourg (dont la plupart, pourtant, n'entretiennent, en braves canidés prussiens disciplinés qu'un lointain rapport avec la Francophonie mais ceci est un autre débat, merci) est un travail à plein temps qui ne nourrit pas son homme et pourrait même pousser des âmes moins bien trempées dans la déprime, le renoncement et la misanthropie. Mais je suis un incorrigible bretteur mû par une Schadenfreude guillerette l'autorisant à mitrailler à vue les pénibles peigne-culs pédants.


Quand on en arrive à ce point, il ne reste plus qu'à inverser la perspective. Si l'on se croit autorisé à causer sciences, médecine, politique prophylactique à l'échelon mondial alors qu'on est rien qu'un pignouf besogneux rendu hargneux par le confinement, pourquoi ne pas pousser le curseur de la connerie brute vers les confins écarlate du boitier, en posant une question de pêche sur un forum de médecine, là où on trouve des spécialistes reconnu(e)s dont une proportion écrasante a déjà posé un sparadrap, voire les bons jours est tout à fait en mesure de mettre un cachet effervescent dans un verre d'eau sans perdre son sang-froid ? J'avoue que j'ai immédiatement été séduit par le challenge. J'ai donc posté innocemment une question sur le Mort manié et ses avantages sur le forum docteurmaboul.net. Comble de l'ironie, j'ai reçu moult réponses circonstanciées de la part de divers intervenants sympathiques et n'ayant visiblement rien d'autre à bouiner un jour ouvrable. Jean-Bernard, chef d'entreprise des Yvelines, m'a gentiment indiqué que les morts n'étaient pas comptés en charges sociales et qu'ainsi un bon nécromant serait toujours le bienvenu dans le bureau de son DRH. Jinau, jeune startuper haitien du Val-d'Oise, m'a lui assuré que les mortes manuelles, c'était du bon Juju et qu'il en engageait régulièrement dans ses salons de massage. Quant à Kimberley, j'ai particulièrement goûté son exposé très complet sur la série des Walking Dead et les usages récréatifs et/ou sécuritaires qu'Alpha, Negan ou le Gouverneur ont su tirer des hordes de morts-vivants qui égayent de leurs sourires candides cette série à l'optimisme primesautier revigorant en ces temps où la morosité semble avoir posé ses valises.


J'en ai ainsi un peu abruptement conclu que quel que soit le sujet dont on se met à débattre imprudemment avec des quidams pris sinon au hasard, du moins pas triés de manière drastique en amont, on y rencontrerait irrémédiablement un échantillonnage de profils intellectuellement aussi désastreux que celui que nous subissons tout au long de notre vie dès que le destin, ce fils de chien galeux scatophile zigzagant de crottes en crottes afin de nous réserver la pire, nous impose des interactions sociales. Le gros con du bac à sable, le gros con du cours de sport, le gros con de la colo, le gros con de Semaine (souvenir pour ceux qui ont fait leur régiment), le gros con du boulot, le gros con du monde virtuel dont la cousine est ASH qui connait donc personnellement le fils de la concierge de Dédé Raoult, le gros con qui tire sur ses carpes Koi au calibre 38, le gros con qui sniffe de la colle à maquettes en sifflotant le Horst Wessel Lied... Je n'en peux plus de ces insondables cons et de leurs conneries respectives. Vivement le dernier épisode de la trilogie Confinement (s'il se produit un jour) que je puisse enfin renouer avec cette reposante sociabilité de mine anti-personnel qui me met d'ordinaire à l'abri de cette hideuse promiscuité que nous infligent les réseaux dits sociaux.



samedi 23 janvier 2021

Un peu d'histoire...

Il est une idée reçue qui consiste de nos jours à penser que l'irruption des problématiques environnementales dans le débat public date des années 70, imposée par le lobbying exalté du monôme de chevelus joueurs de ukulélé nudistes éleveurs de chèvres dans le civil dont accoucha Mai 68. Or rien n'est plus faux. A part les programmes électoraux bien sûr. En effet, pour des raisons bassement liées à l'assouvissement de leur vice honteux, ce furent les pêcheurs à la ligne qui s'élevèrent les premiers contre les pollueurs. Ils ne furent pas les seuls mais on peut sans risque affirmer qu'ils comptèrent parmi les précurseurs.


L'époque dite belle s'y prêtait merveilleusement car comme l'écrivait alors un journaliste, "si les animaux pouvaient savoir à combien de Sociétés, de Ligues et d’Associations le souci de leur reproduction a donné naissance, parmi les hommes, ils nous considéreraient certainement comme leurs meilleurs amis. Toutes les chaînes des êtres y passent : de l’écrevisse à l’éléphant, de la grive au rhinocéros". En ce qui concerne la pêche à la ligne, un petit résumé de ce qu'elle était "avant" s'impose. La prise de conscience de la protection de la ressource intervient dès 1669 quand Colbert, grand ministre de Louis XIV, codifie, rassemble, compile les textes existants et hérités le plus souvent du droit coutumier. Il s'institue grand organisateur de la Police des Eaux & Forêts en dressant une liste d'engins prohibés pour la pêche et en définissant des périodes de protection des poissons. Dès Colbert, on doit avoir l'autorisation du propriétaire pour pêcher les eaux navigables ou non navigables. Un siècle plus tard, on considère toujours les eaux douces comme une ressource économique à exploiter pour ses potentialités alimentaires. La Révolution va chambouler tout ça en accordant le droit de pêche aux citoyens, engendrant un effet dévastateur : l'impression que les eaux sont désormais vides de poissons vu que n'importe quel pousse-mégot ruiné par la crise des assignats peut venir y prélever sa friture.

Toute une littérature catastrophiste, pendant halieutique du malthusianisme si en vogue à l'époque, va en faire un lieu commun appelé à perdurer jusqu'à aujourd'hui. Or une autre révolution se dessine en coulisse : venues d'Angleterre comme la mini-jupe, les chanteurs pop à coiffure de zazou et le variant tueur, les Sociétés sportives de Pêche s'implantèrent petit à petit en France. Ces sociétés de pêche regroupent au début une certaine "élite" s'opposant sociologiquement aux pêcheurs "traditionnels" dont la pratique relève de l'alimentaire et non pas du "beau geste" en chapeau à plume (comme va très vite le brocarder le grand public). Le 15 avril 1829, l’article 5 d’une grande loi sur la pêche fluviale stipule qu’il est « permis de pêcher à la ligne flottante tenue à la main dans les fleuves, rivières et canaux navigables » . Très vite, on va donc voir apparaitre des conflits d’intérêt entre pêcheurs professionnels qui posent des filets, des nasses, des cordeaux et les pêcheurs « loisirs ».


Dans la première moitié du XIXe siècle, toutes les classes de la société pêchent mais pas de la même manière. La pêche à la ligne en tant que loisir est d’abord le fait des élites. À partir des années 1820-1830, la France commence à produire quelques traités de pêche dans lesquels il est question des mœurs des poissons et de la meilleure façon de les attraper. Mais ces écrits circulent à l’intérieur de cercles restreints. Il y a deux pêches en France. En premier lieu, celle qui compte le plus d'adeptes est celle des "gens de peu", enchaînés à leur terroir, à leur patois, posant des filets à lamproie, des bosselles à anguilles et pêchant saumon, carpe et truite à la "mouche du jardinier", notre bon vieux lombric, quand ils ne poussent pas le curseur du populacier répulsif en taquinant le chevesne à la tripe de poulet, ces Hébertistes ruraux !!! En second lieu, une pêche des élites, reproduisant l'anglophilie estampillée louis-philliparde au bord des rivières, une pêche de "caste" impliquant matériel hors de prix pour le prolo, vocable abscons pour le rural et générant des besoins nouveaux, notamment une impérieuse nécessité d'avoir du poisson à prendre pour justifier l'investissement somptuaire initial. Il est assez cocasse de constater que certaines pratiques actuelles comme le vedettariat préfabriqué, le sponsoring plus ou moins avisé ou encore les grotesques mises en scène youtubesques de certains jocrisses hauts en couleurs, en mettant en avant une soit-disant "pêche d'en haut" semblent vouloir à tout crin ressusciter cet "Apartheid" sociologique.


Le début du XIXème, il est vrai, pouvait se prêter à des interrogations légitimes sur la pérennité de la ressource : la révolution industrielle était en marche et rien ne semblait l'arrêter. Fonderies, manufactures et surtout tanneries s'installent alors au bord des fleuves et des rivières, engendrant des pollutions flagrantes dans une indifférence générale étant données les conditions de vie quotidiennes d'un néo-prolétariat arraché des campagnes pour venir rassasier l'insatiable Baal-Moloch. Il faudra attendre près d'un siècle et demi pour que l'état se soucie de la pollution. Les rivières se dépeuplent, c'est alors le discours dominant. En 1842, deux pêcheurs vosgiens illettrés certes mais non considérés à ce jour comme suspects dans l'affaire du Petit Grégory, Rémy et Géhin (ré)inventent une méthode pour repeupler les rivières : la fécondation artificielle. Celle-ci avait été inventée par un savant allemand, Etienne Louis Jacobi dès 1763 mais sa méthode était tombée dans l'oubli. De là débute un autre âge pour la pêche.

Désormais l'Homme a les moyens de (re)créer à volonté une "nature sauvage" dans laquelle il peut exercer son droit de prédation sans autres limites que celles imposées par le législateur. Plutôt que de traiter les causes, il a donc décidé de soigner les conséquences de la raréfaction du poisson. Quelques décennies plus tard, cette logique consumériste amènera les instances halieutiques à déverser des poissons-chats afin de repeupler les eaux trop polluées pour accueillir de nouveau les exigeantes espèce autochtones décimées par le "Progrès". Quant à nos rivières de plaine dites "de première catégorie", elles sont régies aujourd'hui par la même logique vu que les causes de la raréfaction voire de la disparition des salmonidés ne sont pas à même d'être soignées.












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jeudi 21 janvier 2021

Label d'époque...

La pêche à la ligne est une activité pleine d'imprévus. Quoique puisse véhiculer depuis des lustres l'imagerie d'Epinal du pêcheur assoupi à l'ombre d'un saule complice, fixant d'un oeil mi-clos un flotteur gros comme un navet transgénique primé au Salon de l'Agriculture intensive restant immobile depuis une éternité, il faut garder à l'esprit que celui-ci peut se révéler à l'occasion dynamique, réactif, pas du tout légumier dans l'esprit. Je parle bien évidemment du pêcheur. Certains chevaliers de la gaule, à l'instar de métazoaires du Cambrien conquérants, refusant la triste logique de l'assistanat, savent en effet (et c'est heureux) dans l'adversité se révéler au monde comme forces de proposition...

Mais le pêcheur à la ligne ne se contente pas lorsqu'il déchaîne ses potentialités démiurgiques de tourner habilement la réglementation liberticide en vigueur. Il est aussi un fin observateur du milieu aquatique, un zoologiste averti et un ami de la Nature avec des idées bien arrêtées sur la gestion des populations piscicoles. Il ne s'arrête pas dans la sinistre vasière aux idées reçues ni ne s'abîme dans le colportage de ragots déplorables. Non, pas de ça chez nous. Ce n'est pas le genre de la maison.

Mieux, il est souvent un oracle malheureusement ignoré tel une pauvre Cassandre en cuissarde. Pressentant l'arrivée des malheurs, du poisson-chat au cormoran, du hotu au quota journalier de captures, il a de tous temps su couiner aux vieilles lunes que demain serait un champ de ruines. Déjà, le croirez vous, le pêcheur français alertait sur les dangers du "Saume", un vorace destructeur, grand amateur de charognes (jusqu'à ce qu'il finisse par s'éduquer gustativement parlant et se mettre à préférer les caniches abricot d'après la rumeur publique) alors que Philippe Pétain n'était que colonel.


Aujourd'hui, malgré écrevisses blindées mutantes, gobies venus du froid et plantes exotiques squattant le moindre fossé aux premiers éclats printaniers d'un soleil pour le moins timide, nous conservons dans notre ADN de rôdeur de berges cette faculté innée à refuser la bredouille en agissant en vrai bonhomme. Nous sommes encore et toujours prêts à asséner à un public muet d'effroi des révélations réfutées par tout le monde y compris France Soir, Sputnik et Raoult Magazine. Pour conclure, jamais nous ne nous risquons à prédire une apocalypse imminente et inéluctable à cause d'un poisson ou d'une plante invasifs. Nous avons appris des erreurs du passé. Nous avons mûris. Bref, comme Nicolas Sarkozy à la primaire des Ripoublicains en 2016, nous avons changé. Ou pas. L'autopsie le démontrera.



jeudi 14 janvier 2021

L'homme sage est celui qui connaît ses limites

Albert Einstein, un type certes beaucoup moins connu que son fils Frank mais pas une grosse andouille cependant, nous a suggéré jadis que l'information en elle-même n'était pas la connaissance. Pour lui, la seule source de connaissance était l'expérience. En somme, seule l'expérience serait à même de nous faire acquérir la sagesse. Nul ne peut décemment contredire la profondeur de ce message. A part bien sûr Donald J. Trump mais là, sans twitter, il est un peu mal, Pépère... Jusqu'à ce qu'il soit embauché comme chroniqueur à Sud Radio ou sur Cnews au moins.

Moi qui arpente depuis plus de quatre décennies les berges boueuses d'arroyos anonymes dans une sempiternelle quête frustrante d'un ou deux poissons à exhiber à mon entourage catastrophé par cette manie de demeuré, mes mensonges incessants et l'état du parquet après mon retour triomphal, je vous le dis, Albert avait raison. La seule manière de comprendre quelque chose, c'est d'y faire face y compris dans ses conséquences désagréables. Pour la pêche, c'est simple. Nous ne sommes jamais à l'abri de la bredouille, de la perte de matériel suite à la méchanceté sournoise d'embâcles sadiques ou d'expériences psychosociales extrêmes allant jusqu'à l'interaction sociale prolongée avec des compétiteurs s'aimant beaucoup, des apprentis-sponsorisés aux ratiches rayant tellement la pelouse du Country Club qu'on dirait un champ fraîchement labouré ou même, en allant jusqu'à la touche France d'en bas, des adeptes de la vivisection en série de gardons arrachés contre une somme démesurée à la quiétude du bac à vif du Décathlon local.

Une manière originale de se passer d'une épuisette.

Toutes ces épreuves, sachez le, nous forgent un caractère, nous dressent face à l'adversité, bref nous font accéder à ce Graal ultime : la sagesse du pêcheur à la ligne. Mais vu que nous sommes faibles finalement, nous ne pouvons nous empêcher d'acheter régulièrement des revues de pêche dont nous lisons les articles dits "de fond" en un quart d'heure et dans lesquels nous n'apprenons généralement rien. Si l'on excepte le fait troublant que les cannes à acheter coûtent 450 euros, les moulinets 300, la bobine de tresse 50, les 20 mètres de fluoro 40 et le moindre leurre à la con 30... En clair, pour choper la dernière perchette du trou à pisse le plus proche de votre gourbi, il faudrait vous trimballer un SMIC de matos ou pas loin. Sinon le département d'état à la Réussite de Vie nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Cela va de soi.



lundi 11 janvier 2021

Shopping à l'internationale (volume 2)

Après un premier déversement sauvage de petites saloperies discount lamentablement achetées à des gens capables d'embastiller les démocrates, stériliser les Turcophones et faire du tofu de pangolin aussi facilement qu'un chômeur en fin de droit se tartine de la pâtée pour chien sur ses biscottes Lidl dès le 12 du mois, je me devais de vous infliger sans la moindre once de pitié la suite de cet étalage ostentatoire d'ustensiles magnifiques. J'ai par exemple complété mon stock de petits leurres durs à chevesnes chafouins pour les probables échappées en coup de vent sur les minuscules ruisseaux des environs...

Si par une sorte d'inexplicable malentendu nous échappions à un troisième confinement nous menant au delà de la mi-avril, j'espère de surcroît m'en servir pour titiller quelques truitasses OGM de la région mais bon, n'anticipons pas. Nous sommes désormais si abonnés à la désillusion que nous pourrions faire d'excellents supporters du Toulouse Football Club. Mais là n'est pas le sujet. Après m'être pâmé devant des vidéos les présentant sous un jour excessivement favorable, j'ai enfin fini par trouver des imitations du Ra'Is Slug...


Ainsi que de son petit frère, le C32 Ciceniello, qui semble être fort apprécié lui aussi de la gent aquatique...


Après mûr examen, les deux petits leurres m'apparaissent comme prometteurs. Très souples, faciles à monter en texan, je crois bien qu'ils séduiront sandres et black-bass si on leur en laisse l'occasion. Quant à leur usage en eau salée, j'y crois aveuglément.

Je me retrouve donc avec encore des leurres à essayer en toute confiance. Là, je me permets de m'avancer un peu, certes, mais j'en ai connu des moins moelleux, des plus biscornus qui ont fini par prendre quelque chose. Là, je sens que je tiens des premiers de la classe !!!

Dans la série, plein de leurres souples pour rien ou presque, je me suis pris ces petits trucs bien flashy qui pourront être employés à toutes les sauces. J'ai dû les payer 1 euro les 20 donc de toute façon, je ne risquais pas grand chose. Bonne surprise à l'arrivée : plastique bien souple, ne diffusant pas une odeur à tomber par terre, texture malgré tout assez solide à l'examen tactile. Encore un truc qui devrait faire son poisson...


Enfin, pour conclure ce volume 2, je reviendrais un instant sur ces petites merveilles de jerkbaits. J'ai déjà dit ici tout le bien que je pensais de l'imitation de Squadminnow 65 coloris perche du dessus. Entre temps, j'ai commandé et reçu un clone de Duo Realis Rozante 77sp que j'ai payé... 3 euros pour une finition et une qualité de nage équivalentes à celles du modèle "original" vendu lui plus de 20 dans nos boutiques. Je veux bien qu'on nous bassine avec la défense du petit commerce mais la recherche du profit maximum, ça commence sur son paillasson. Lui aussi, comment dire, je ressens comme un désir d'avenir inavouable de pouvoir le jerker à la démentielle dans les flots tumultueux d'un fleuve sauvage. Mais rassurez-vous tout de suite, je vais prendre mes cachets le plus tôt possible.



Ainsi, voici l'étendue du massacre dévoilée devant vos yeux écarquillés, exorbités voire incrédules tant il vous semble complètement hors de propos d'acheter à de fourbes mercantis fumeurs d'opium à peine repentis des trucs pas chers alors que pour 5 à 10 fois plus chers on peut se les procurer auprès de fraudeurs fiscaux bien de chez nous. Je sais, je l'admets, parfois même, je ne suis pas loin de le comprendre mais que voulez vous, j'ai l'âme d'un félon, le profil d'un traître et le compte en banque d'un précaire ouzbek. On ne se refait pas : on s'aggrave.



dimanche 10 janvier 2021

Shopping à l'International (volume 1)

A ma grande honte, j'ai de nouveau honteusement sacrifié à l'orgie consumériste de basse intensité en me procurant à un tarif ignominieusement dérisoire quelques artifices halieutiques dont j'espère vérifier l'utilité à l'issue du ou des prochains re-re-confinements. Je sais, je suis d'un optimisme outrancier pouvant mener à la faute : Charles le Téméraire, Henri Ier de Guise, Raymond Domenech, nombreuses sont les figures tutélaires de l'histoire de France qui eurent à pâtir de s'être vues trop belles trop vite. Mais que voulez vous ? L'inaction pèse aux baroudeurs de ma trempe. Commençons donc ce tour d'horizon de mes dépenses aquatiques superfétatoires par cette imitation très réussie du Deraball Jackall bros...

Pour 5 euros tout ronds, la Chose est arrivée en mon antre. Je suis assez bluffé de la finition de ce leurre. Bien sûr, à côté du vrai-faux lissage brésilien de l'accorte Marlène Schiappa, ça ressemble à une soirée Covid-sardines à l'huile-Valstar sur la place centrale d'un village moldave abandonné, je vous le concède. Cependant, je ne compte pas m'arrêter là car j'envisage sérieusement de me vautrer dans la fange déplorable de la contrefaçon en m'en faisant un moule comme le fait le pêcheur de la vidéo ci-dessous...


Cela me parait un bon investissement tant ce leurre, facile d'usage, pourrait convenir à la plupart des pêches estivales que je pratique. Continuons par une autre odieuse copie d'un leurre de la même marque : le Deracoup. Là aussi, je vais sans doute me laisser tenter par la fabrication d'un moule dédié car c'est un truc à avoir dans sa musette en fleuve mais aussi en pêche portuaire maritime (ne serait-ce que pour débredouiller à la mesquine avec un ou deux chinchards^^). Pour 2,17 euros port inclus, ça reste dans le domaine de la bonne affaire mais si j'envisage sérieusement d'en faire un moule, c'est surtout pour éviter l'attente à la livraison. En avoir une douzaine d'avance, ça me tranquilliserait avant d'affronter la Seine...


Pour les vieux débris cacochymes de ma catégorie, le Charlie de chez Megabait a souvent été le premier swimbait à voir l'eau. Heureuse nouvelle : pour 3 euros, j'ai retrouvé ce bon vieux leurre chez Raptors Sports Trade Company, une boutique aliexpress vendant un peu de tout en loisirs de plein air. Bien évidemment, confinement oblige et vague de froid dans la foulée m'ont empêché de tester l'engin.


Par ailleurs, j'ai aussi retrouvé pour mon plus grand plaisir, une imitation très bien faite du fameux OSP Bent Minnow... Dont voici une petite vidéo tout à fait instructive.


Encore une fois, pour environ 3 euros, je me suis fait plaisir à un prix réfutant l'Hubris somptuaire qui reste la marque de ce genre de jouets. A près de 30 euros le "vrai" Bent Minnow, nous serons nombreux à passer notre tour. Pourtant ce leurre est une formidable machine à faire du poisson.


Enfin pour conclure ce pensum, j'insisterai sur le Cannibal Grub "nain" (7 cm quoi) qui me semble devoir se révéler comme une machine à prendre de la perche mais je peux me tromper. En tout cas, ça nage bien pour le peu qu'il a pu me montrer et il n'y a pas de raison objective ou cachée que les hordes voraces des perches du bassin de la Seine ne lui chiquent pas la couenne à l'occasion.

Voila, voila. Je sais, ce blog manque singulièrement de pêche, de vraie, avec du mucus, des émotions et des gros mensonges comptables, j'en conviens sans barguigner, avec même quelque part au fond à droite après ma collection d'écailleurs crantés en capsule de Kronenbourg offerts pour mes 20 ans d'abonnement à Viandard Magazine une certaine mortification. Mais je n'y peux rien, hélas. Les journées sont froides, dramatiquement courtes et mon emploi du temps ne me permet pas d'escapades trop lointaines. J'espère que cela changera d'ici la fermeture et que je serais en mesure de faire s'esbaudir les foules admiratives par une ou deux brèmes grappinées à la sauvageonne. Cela dit, je ne vous promets rien, hein !!!



jeudi 7 janvier 2021

Le retour de Nyarlathotep

Les lecteurs émérites de l'oeuvre d'Howard Phillips Lovecraft reconnaîtront immédiatement ce sombre personnage surnommé le "chaos rampant". Portant la folie dans les cités des Hommes, il revêt des apparences multiples, toujours inquiétantes et qui mènent droit aux Ténèbres. Ce qui est advenu hier soir au cours de la traditionnelle cérémonie d'ouverture des enveloppes des votes des grands électeurs envoyées au Capitole de Washington afin de désigner le nouveau président des USA n'est pas plus absurde à imaginer en manifestation émanant de ce démon que ne pouvait l'être pour les contemporains de Lovecraft les "diableries" de Nikola Tesla, de Thomas Edison ou de Guglielmo Marconi. Or si les inventions de ces trois génies reconnus avaient en elles de quoi effrayer l'homme de la rue, elles avaient pour finalité un dessein prométhéen en mettant le Progrès au service de l'humanité. Ce qui s'est joué au Capitole portait un autre projet.

Nyarlatothep, le Chaos rampant.

Evidemment, je ne vais pas me poser sans nuances en démocrate effarouché, en défenseur outré d'institutions vérolées depuis bien longtemps et louer avec des trémolos dans la voix genre André Malraux souffrant d'une laryngite aigue un système économique basé sur l'exploitation absolue des êtres humains et des ressources naturelles. Mais tout de même, il y a de quoi s'inquiéter. A presque un siècle de distance, un héritier d'une dynastie d'arnaqueurs immobiliers, de trafiquants d'alcool sans doute impliqués dans le proxénétisme entre autres distinctions, nous rejoue la marche sur Rome en incitant des hordes de milices tribales, de débiles complotistes et autres amateurs de western excessivement premier degré à attaquer les institutions démocratiques afin de le maintenir au pouvoir. Si cela arrivait au Congo, au Venezuela ou en Abkhazie, on hausserait les épaules, on reposerait sa tasse de café et on passerait vite à la page des sports pour savoir si Raymond Domenech n'aurait pas déjà été pendu par une foule en colère animée, elle, d'intentions honorables, à un réverbère de la Haluchère à l'issue du derby contre Rennes. Mais les USA, n'en déplaise aux indécrottables gauchistes rêvassant mollement du grand soir entre deux 8°6 en écoutant les Clash, représentent autre chose dans notre histoire.

Les Combattants de la Liberté. Garantie non contractuelle.

Ce qui s'est produit était devenu prévisible depuis 4 ans. Trump est un avatar qui résume horriblement la quadrature du cercle qu'est devenu la gouvernance des pays industrialisés. Battus par la Chine, fonçant vers une catastrophe environnementale format Titanic, minés puis divisés par la pandémie ingérable par des gens qui n'ont que les indices économiques en tête, les pays du G8 sont à la dérive, à commencer par le premier d'entre-eux, les USA. Les Russes peuvent se frotter les mains. Cette opération de déstabilisation de leur ennemi rituel, entamée par leur ingérence dans le processus électoral de 2016, est une belle revanche sur la fin de la Guerre froide. Elle a réussi au delà des plus folles espérances de Poutine : les USA sont au bord de la guerre civile. On s'entre-tue dans les couloirs du Capitole, des engins explosifs improvisés sont découverts aux sièges des partis politiques et un président en exercice félicite les émeutiers. Tout va bien.

La revanche de Jefferson Davis. Amazing ?

Ah on va le regretter le "despotisme mou" tant redouté pourtant par le vieil Alexis. Nous entrons dans une ère de ténèbres. Nous avons les mêmes abrutis chez nous, à peine contenus par le manque d'armes à feu disponibles et la lâcheté congénitale du Français moyen. Les mêmes causes produiront inéluctablement les mêmes effets. L'ultralibéralisme, pour se maintenir au sommet dans la tempête, activera les mêmes leviers : la connerie pure de la masse convaincue que "Hold-up" est l'Evangile et que Raoult est son Prophète. Rien ne pourra endiguer cette ultime vague. La démocratie est devenue une tapineuse apeurée tenue en main par des souteneurs gluants à la Macron qui n'hésitent pas à la tabasser dès qu'elle ne rapporte pas assez. Les fake-news des gouvernants croisent les théories des bargeots sur la grande toile sans que personne ne soit plus étonné que le Vrai ne soit qu'un simple artéfact flottant sur les flots du Faux.

Black shirts lives matter. Indeed.

2001-2021 ou comment nous sommes passés d'Al Qaeda à QAnon. En 20 ans, nous avons basculés, bousculés par l'onde de choc de la chute des Twin Towers. Désormais, oui, tout est devenu possible. Pire, probable. Je me réveille encore plus pessimiste qu'hier. Mais moins que demain, je le crains. Pour mémoire, je ne peux m'empêcher de vous faire subir une sentence datant de 1549 et proférée par le jeune Etienne de la Boétie qui pourtant ne connaissait pas Donald J. Trump : "Chose vraiment surprenante (et pourtant si commune, qu’il faut plutôt en gémir que s’en étonner) ! c’est de voir des millions et de millions d’hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient redouter, puisqu’il est seul, ni chérir, puisqu’il est, envers eux tous, inhumain et cruel." 




mardi 5 janvier 2021

Vers la fermeture dans la froidure, c'est dur

Le mois de janvier a toujours été pour moi le mois le plus déprimant de la saison de pêche. Pourtant, c'est souvent le moment où le courage, la volonté, la faculté de prendre à la légère le fait d'avoir les orteils bleus sous les chaussettes en laine, permettent de prendre enfin un poisson digne de ce nom. Mais que voulez vous, c'est aussi le mois où le compte à rebours est lancé. Le mois durant lequel on ne peut se permettre de baguenauder à la légère en papillonnant de spots en spots. En janvier, il faut s'accrocher et surtout bien connaître son terroir. Ce qui prend bien des années malheureusement...


En ce morne moment, sous un ciel gris déprimant, je dois m'avouer un tantinet perdu. Je n'ai avec moi qu'une canne light m'interdisant de défier la Seine (d'autant plus que l'éventualité de grimper dans un cluster sur rails afin de monter pêcher dans Paris intra-muros ne me remplit pas, je ne sais pourquoi, d'une ineffable allégresse) et les autres bassins versants sont encore à priori bien boueux des pluies de fin décembre. En attendant d'hypothétiques gelées qui éclairciraient l'eau de l'Eure ou de l'Yvette, je reste terré à domicile sans consacrer mon temps libre à la traque hivernale du chevesne grassouillet.

90 centimes. Le prix scandaleux de ce crankbait aliexpress
silencieux imitant le Poltergeist de chez Halco et auquel j'ai ajouté
des yeux phosphorescents du plus bel effet. What else ?


Par ailleurs, il faudrait vraiment être ministre de la Santé pour s'imaginer qu'on pourra faire l'économie d'un troisième confinement (et un vrai cette fois si c'est possible ?). Je dois retourner au turbin, à l'issue de plus de 4 mois d'arrêt tout de même, mi-janvier et plus ça va, plus je le sens bien le retour du gnouf. Je ne sais pas pour vous mais personnellement, j'ai du mal, mais alors vraiment, à imaginer que le variant britannique ne va pas s'inviter joyeusement dans le débat en s'ajoutant à la pantalonnade criminelle des fêtes de famille autorisées à 6 adultes à table... Les USA battent tous les records de décès grâce à l'effet Thanksgiving. Quelles seraient les raisons objectives que notre république bananière passe à travers les gouttes ? 

Alta, Celta, Veltic et Olympic, un quatuor gagnant venu du Passé.

Ainsi, benoîtement, je reste au chaud en attendant une éventuelle fenêtre de tir tout en redoutant l'imposition immanente d'un confinement appelé à durer, tant il est évident pour quiconque possède un tant soit peu d'esprit logique que plus on attend sa mise en place, plus il devra s'installer dans la durée. J'ai vu dimanche après-midi des dizaines de randonneurs d'âge mûr sans masques, en grappes, en train de postillonner dans les chemins creux. J'ai vu des dizaines de jeunes agglutinés sans masques devant une baraque foraine à se partager de la barbapapa. Bref, j'ai vu cette population aux capacités cérébrales digne d'un poisson rouge limité du cognitif nous préparer ingénument la troisième vague qui va nous tenir à domicile jusqu'au printemps.


J'espère me tromper lourdement mais quand je vois que la réponse gouvernementale inflexible, cohérente, bref parfaite à cette troisième vague reste l'ouverture des magasins le dimanche, j'ai franchement du mal à faire preuve d'un optimisme à toute épreuve. 





vendredi 1 janvier 2021

Nouvelle année

A peine estompée dans un brouillard onirique, la nuit du Réveillon avec tous les excès qui lui sont associés, paraît déjà plus lointaine que la moralisation immanente du capitalisme jadis tant désirée par ce petit Hongrois hargneux à talonnettes qui fut plus tard ignominieusement persécuté par l'appareil judiciaire pour quelques peccadilles n'excédant pas quelques millions d'euros. Ne vous perdez pas en excuses aussi confuses que dilatoires donnant un éclairage implacable sur votre nature dissimulatrice. Je me doute bien que vous avez fait péter vos gamma GT, poussé le curseur au delà du taux de cholestérol à deux chiffres et que vous avez fait tourner les serviettes dans un respect théorique des gestes barrière, le tout en compagnie de femmes légères jusqu'au petit matin. Vous êtes incorrigible.

Cela dit, je peux manifester une relative mansuétude pour vos déplorables turpitudes. En effet, j'ai beau être resté le pêcheur humble, abordable, pétri de qualités humaines que l'on connait, je suis aussi un philanthrope contrarié, un humaniste velléitaire tenté de loin en loin par le vote utile à gauche et donc, par là même, sachant se pincer le nez dignement lorsque éclatent à son fin museau d'esthète mondain les remugles que drainent dans leur sillon fétide les festivités ancillaires.

Oui, il m'arrive parfois de m'extraire de ma crypte  me sociabiliser brièvement en souhaitant en public l'écartèlement de Raymond Domenech, l'internement du couple Macron à la Conciergerie ou toute autre avancée sociale incontestable. Ainsi pour ce premier jour de cette année nouvelle, veuillez agréer, madame, monsieur, l'expression de mes sincères voeux de bonheur, joie & bulletins de santé rayonnant. Et puis c'est tout, faut quand même pas déconner et survendre de l'optimisme à un public vulnérable. Il y en a qui vont aller casser des cailloux à Cayenne pour moins que ça, il parait...