vendredi 14 juin 2019

Pinsage as usual

La perchette urbaine, à déguster sur son lit de vieux sacs poubelle et de deux-roues rouillés...

Force est de constater que débuter la pêche dans un nouvel environnement, même s'il ne présente pas de différences fondamentales quant au peuplement piscicole, c'est pratiquement recommencer à zéro, voire remettre des roulettes à son vélo si on veut pousser la métaphore régressive jusqu'à des limites que je m'interdis de franchir. Bien sûr, des décennies de bredouilles subies dans un milieu aussi hostile que les jungles putrides de la Ligérie du Bas ont fait de moi un rude baroudeur buriné ne reculant jamais devant les difficultés ni même les apéritifs musclés au nom exotique...
Chartres... La Venise du Glyphosate...

Pourtant, alors que j'empilais d'une manière aussi décontractée qu'ostensible les perches d'une taille défiant les progrès technologiques en matière de microscope, j'ai eu l'espace d'un instant, entre les "Ooooh" de touristes brésiliens et les "Aooow" de leurs congénères anglophones, le sentiment transcendant de détenir au bout de ma ligne, quelque part, un peu de la gloire halieutique française... Oui m'ssieurs-dames, la perchette de France, ça, c'est de l'AOC qui compte, du patrimoine en barre. Le truc ultime qu'on ne laissera pas aux Chinois sans leur coller une ou deux bombes H dans les gencives, non mais !!!


Car la perchette, c'est comme la citoyenneté, la villa au Touquet ou la syphilis : ça s'hérite ou ça se mérite. Quoiqu'en disent les starlettes pour publireportages, pêcher la perchette, c'est pas un pique-nique. Tout y est matière à se tricoter les neurones et à boulocher de la synapse. Quel fil ? Est-ce qu'un hameçon 14, ça risque pas de faire trop gros ? Mon réglage de frein de moulin doit-il être mou, super-mou ou François Bayrou ? Oui, il n'y a pas de place pour l'amateurisme dans cette dimension...
On a beau dire, seuls de parfaits ignorants peuvent se laisser abuser par l'apparente inanité de cette recherche du Pin's perdu. Croyez-moi, la quête exclusive de la perchette dans un environnement ultra-touristique, cela vous propulsera dans un univers où le beau le disputera à l'inutile et le raffinement au superficiel. Ce carré VIP interdit aux fans de tuning, aux tatoués braillards en survêtement moule-burnes et autres super-héros de la vacuité pondéralo-simiesque vous semblera alors comme votre Shangri-La de félicité accomplie. Et, qui plus est, en étant mitraillé sous tous les angles en combattant des poissons gros comme des cure-dents atteints d'aérophagie par des touristes venus de toute la galaxie, vous porterez haut, je vous l'assure, l'honneur du drapeau. Enfin, j'espère.


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