Nano Minnow, un leurre qu'il est bien, qu'il est beau^^

Dans ce monde absurde où la brutalité économique, le fanatisme religieux et les véganes poilues ont instauré un climat de terreur, il est bon parfois de retrouver le goût des choses simples...

Quand le blizzard souffle des bourrasques à coller une bronchite aux pingouins s'il leur venait la mauvaise idée de venir traîner leurs guêtres dans la pampa givrée, le pêcheur entre deux âges, déplorable ectoplasme valétudinaire, doit mobiliser toutes les ressources vacillantes de son physique avantageux de primate empaillé avant de sortir affronter, tel un personnage de Jack London, interprété par Jean-Claude Tergal, la congélation probable au terme de périlleuses pérégrinations boréales.

Le Nano Minnow d'ESfishing... 38mm de finesse dans un univers de bourrins.

C'est là l'effroyable tribut que l'on doit acquitter aux Mânes du commandant Charcot, de Sir Robert Falcon Scott et du regretté Captain Igloo, histoire de profiter des derniers jours d'autorisation de pêche aux leurres... Que ne ferait-on pas pour quelques perchettes supplémentaires ?

La plus belle conquête du pinseur... Après évidemment le Côtes du Rhône.

Comme la veille, je me suis donc rendu au point le plus apte à concentrer les alevins et leurs prédateurs. Le même petit leurre, un shad de 38 mm trouvé sur aliexpress, le Nano Minnow (pour ne pas le nommer^^) s'est avéré pour la seconde fois consécutive le leurre du jour...

80 centimes en promotion... Pas de quoi enfiler  un gilet jaune, de se doper au Boulaouane-merguez-chips et d'attaquer la Bastille en hurlant des slogans rageusement minimalistes,  ai-je la faiblesse de croire..

Alors oui, bon, O.K, d'accord... On est pas dans la recherche assumée du cachalot. Mais vu mes capacités déclinantes, autant ne pas tenter l'impossible. C'est à dire la perche de 25 cm ou autres monstres aquatiques de cet acabit...

Quand l'artiste atteint la plénitude de son oeuvre, les sceptiques s'inclinent et remballent leurs picrocholines critiques de bas-du-front peine-à-jouir de l'épanouissement halieutique décontracté du shad de petite taille...

De toute façon, vu le temps sibérien, prendre quelque chose me suffit, quelle que soit la taille des poiscailles.
La bise velue, c'est le Terminus des Ambitieux. L'Ordalie du Rhumatisant. La Symphonie du Lumbago...

Rien n'arrête le traqueur de perchettes... Vent du nord à geler les génitoires d'un rhinocéros laineux, eau plus claire que la malhonnêteté intellectuelle d'un député macroniste, guibolle aussi assurée qu'un scooter marseillais.Tout ça ne stoppe pas les spécialistes mondialement reconnus au comptoir du PMU le plus proche (dépôt de pain le dimanche & jours fériés).

Autant ne pas insister plus qu'il n'est nécessaire à ce que notre tarbouif arbore fièrement une stalactite morveuse du plus bel effet, que nos ribouis ne se transforment en produits surgelés aux qualités gustatives assez discutables et que nos paluches arborent une jolie teinte violacée jointe à une souplesse digne d'un tribunal religieux iranien. On ne dira jamais assez les sacrifices qu'exige la pêche moderne...

Domaine où le raffinement le dispute à l'excellence, le pinsage de perchettes est une activité dont la noblesse échappe complètement à la plèbe grouillante, aux roturier affamés et autres déplorables Bidochon...

Cela dit, j'ai beau faire le malin en revendiquant haut et fort mon aptitude à jouer à l'Admunsen des Conches, ça fait quand même beaucoup de bien quand ça s'arrête, qu'on regagne son refuge et qu'on s'y réchauffe d'un bon café-calva, cette boisson séculaire qui fait le bonheur des indigènes depuis des temps immémoriaux. Croyez moi, il faut avoir l'amour du pinsage chevillé au corps pour faire face à la caillante en sachant pertinemment que l'on va pinser laborieusement en se les gelant, sans entrevoir la moindre chance d'accrocher même par le plus grand des hasards un poisson susceptible de nous valoir la reconnaissance énamourée des foules... Quand bien même cela fournirait un excellent prétexte pour taper dans la réserve de whiskey et brailler aux étoiles quelques ritournelles tragiques.