jeudi 29 novembre 2018

Un petit concours qui le fait bien...

En vertu de l'application du décret du 29 novembre 2018 m'autorisant par la présente à me la péter grave et à corriger quelques imperfections stylistiques voire, suprême horreur, orthographiques, je me permets de publier sur le blog ce texte qui m'a valu l'honneur et l'avantage de remporter un chèque-cadeau de 50 euros à dilapider sur aliexpress… Ce qui revient à faire d'un diabétique un testeur Haribo no-limit mais bon, hein, on ne va pas bouder son plaisir !!! Voici donc ce monument littéraire destiné à traverser les siècles entre les "Châtiments" du vieil Hugo et le tome 2 de "Mais allo quoi ?" , cet opuscule introspectif de la trop rare Nabila...


"Il est dans la vie des situations périlleuses voire effroyablement gênantes qu'on préfèrerait éviter. Depuis l'Homme de Cro-Magnon s'apprêtant à affronter une meute de tigres à dents de sabre en appétit et s'apercevant que, mal réveillé, il a confondu sa massue avec une courgette en quittant sa caverne, à chaque âge de l'humanité, générations après générations, les humains ont été confrontés au pénible inattendu et à ses terribles effets sur l'amour-propre…  Qui n'a pas par exemple souhaité disparaître de la surface de la terre à la seconde où il s'est rendu compte que sa date Tinder n'était pas exactement la réincarnation de Raquel Welsh mais lorgnait plutôt vers la catégorie "sosie provincial de Muriel Pénicaud" alors que cette dernière poussait la porte de votre bistrot favori engoncée dans une tenue ne laissant placer aucun doute sur les projets nocturnes de sa libido furibarde  ?

"J'ai comme une envie de Champagne, mon Kermitou !!!"


Qui n'a pas regretté cette blagounette innocente basée essentiellement sur le potentiel hautement comique d'une peau de banane posée dans les escaliers malheureusement exercée aux dépens d'un adjudant-chef singulièrement dépourvu du moindre sens de l'humour et dont les conséquences l'ont conduit à briquer avec une scrupuleuse insistance les toilettes du régiment équipé d'une simple brosse à dent et d'un savon de Marseille pendant tous les week-ends des 8 derniers mois de son service national ?

-"Je suis une peau de vache mais je suis réglo. Il y a aucun sectarisme ici. Moucheurs, carpistes,
petits branleurs de leurristes, vous êtes tous des connards !!!" 


Qui n'a pas serré les dents pendant des centaines de kilomètres assis derrière un chauffeur de car poussant l'indécence jusqu'à écouter en boucle l'intégrale des singles de Phil Collins, en tentant de résister avec l'énergie du désespoir à l'envie furieuse de l'assommer,  de s'emparer du volant et de finir le trajet, un CD des Dropkicks Murphy à fond sur la sono, le visage déformé par un rire de mandrill sous PCP ?


-Tu passes encore "Sussudio", mon pote, et ta misérable existence va se finir à l'état de Carpaccio...

Vous m'avez compris à demi-mot : parfois mieux vaut privilégier la prudence que de devoir s'asseoir au banquet des conséquences… Ainsi, lorsque les Padawans grandissent et décident que trop, c'est trop et qu'ils veulent abandonner les asticots trop rustiques pour une pêche "moderne", leur Yoda local commence à trembler pour sa collection de leurres lentement accumulée à la faveur de déstockages douteux et autres promotions suspectes. Il peut même, si Riri, Fifi & Loulou sont particulièrement rétifs à ses conseils, redouter avec raison de perdre en quelques après-midi intensives l'intégrité de la valeur de son plan-épargne logement déjà entamé par sa coupable autant que secrète addiction au picon-bière. En effet, à moins d'envisager une formation-express de scaphandrier ou d'élagueur, emmener des pré-ados taquiner la perchette est un investissement qui peut coûter cher, voire vous conduire à gagner le titre de Client du Mois chez Lexomil.



Enfin, pour être honnête, je devrais plutôt écrire "qui pouvait"… Grâce à aliexpress, nous n'avons désormais plus besoin de nous restreindre aux ruisseaux où aller chercher la Mepps-fétiche dans les branches basses d'en face reste abordable en waders… Les tarifs proposés permettent non seulement de s'équiper très correctement à bas prix mais ils donnent aussi la possibilité de diversifier notre "arsenal" afin de faire face à toutes les situations. Ce n'est bien sûr pas une raison pour tenter de tuer les écureuils à coups de têtes plombées mais bon, quand un malheur arrive, ce n'est pas un billet de 10 qui se retrouve suspendu au faîte du marronnier ou accroché par plusieurs mètres de fond…

-L'initiation au rock-fishing portuaire exigeait jadis certains investissements vestimentaires.

Ainsi, alors que, dans une eau limpide refroidie par une quasi-gelée matinale, mon Padawan s'obstinait à mécaniquement jouer en pure perte de son crankbait fétiche devant l'absence manifeste du moindre suivi de la plus insignifiante perchette, je sentais l'énervement gagner l'apprenti, j'ai pu trouver le moyen d'éviter la grosse colère du juvénile se croyant gravement atteint par la Bredouillite aigue qui est, comme chacun le sait,  cette maladie honteuse touchant périodiquement tout pêcheur à la ligne. Sauf les sponsorisés humbles et accessibles évidemment. On parle d'humains ici. Pas de demi-dieux.


Aidé par le soleil qui commençait à poindre et qui reflétait les éclats d'un imposant banc d'ablettes stationnant à nos pieds, j'ai osé suggérer à mon jeune et impétueux comparse un audacieux changement de leurre afin qu'il remplace son "Chubaly" par  un de ces étranges leurres de vieux tout pourris qui prennent jamais rien… Oui, je sais : l'ondulante a mauvaise presse auprès de la jeunesse.




Mais là, ô joie, alors que le petit Padawan moulinait en maugréant et sans conviction particulière ce bout de métal tout en faisant fuir en tous sens les ablettes terrorisées par cet intrus en costard lamé, un chevesne le croqua sans autre forme de procès. Rassuré par cette illustration inespérée du fait que son prof de pêche n'était pas tout à fait bargeot, le Padawan, en plein regain de confiance, était désormais mûr pour la plus redoutable des épreuves… La pêche à vue en "Do nothing"😵



Où en langage compréhensible : "laisser couler sans animer jusqu'à ce qu'un poisson manifeste son intérêt d'un coup de mâchoire décidé" 😉 En effet, dans près de deux mètres d'eau à nos pieds, au milieu des herbiers, grâce à la luminosité de la fin de matinée, nous avons commencé à discerner, planqués à l'ombre des herbiers  quelques bass et perches larvant en mode "je suis là pour personne, je digère". Autant dire que nous avions affaire à des poissons pas faciles à décider et ce d'autant plus que le secteur est fort touristique, classé en "no-kill" et qu'il voit donc défiler aux beaux jours des bataillons de leurristes en rangs serrés.



Il fallait œuvrer dans le subtil… Autant dire tenter l'impossible pour un pré-ado plus versé dans le moulinage express à l'Américaine que dans le posé délicat digne des raffinements millimétrés du jardinier japonais. J'ai donc sorti de la musette les leurres souples que je jugeais les plus adaptés à une pêche à vue (découverts grâce aux conseils d'un jeune pêcheur parisien^^). Monté sur un hameçon simple piqué en tête, une chevrotine 0,5 gramme pincée sur le fil pour lui permettre de descendre le plus lentement possible le long des quais et des épais massifs de myriophylles abritant les carnassiers lymphatiques en cette matinée frisquette, ce leurre souple s'est avéré superbement efficace. Ce qui n'était pas vraiment une surprise étant donné les avis glanés sur certains blogs :)



On avait d'ailleurs vraiment  l'impression de voir une vraie larve d'anisoptère (mais il y a rien à voir avec un pilote d'hélico marseillais risquant le retrait de permis, je vous assure…) nager lorsqu'on l'animait de tout petits coups de scion. Bon, ce n'est que mon humble avis mais en tout cas, les bass et les perches ont semblé le partager vu la violence de leurs attaques. C'est vrai que j'avais aussi pris le temps de les aromatiser "délicatement" grâce à une vieille recette de trappeur de la Ligérie-Maritime : une minute au court-bouillon dans un peu d'eau avec deux cuillerées à soupe d'ail pilé, 24 heures à reposer dans de l'eau fraîche puis emballage dans sachet zippé… Garanti sur les perches, les bass et les vampires (mais pas pour les mêmes raisons^^).



C'est donc par la somme de l'expérience (cuillère ondulante aliexpress),  des judicieux conseils récoltés sur le Net (larve aliexpress) et des expérimentations hasardeuses (arome ail intense^^) que j'ai pu redonner foi envers ses capacités à non seulement prendre du poisson mais surtout à adapter sa pêche et à découvrir autre chose que les animations stéréotypées (qui bien entendu prennent du poisson mais surtout en conditions optimales) à mon valeureux apprenti. Quand c'est un peu plus dur, on ne le répètera jamais assez, il faut toujours essayer de s'adapter. Parfois ça ne marche pas, il est vrai, mais là, gros ouf de soulagement, ça a marché et cette pêche qualifiée par mon Padawan de "miraculeuse" lui aura en plus permis d'inaugurer dignement sa superbe canne à pêche !!! J'aurais encore bien des choses à raconter sur bien des leurres aliexpress comme ce massacreur en dandine ou la terreur en Carolina mais bon, je me demande si le monde de la pêche est prêt pour ce genre de révélations ?^^"





A suivre...


dimanche 25 novembre 2018

Bob l'éponge v/s les Rapetous



A chaque période de troubles civils dont est prodigue la longue et tourmentée histoire de notre vieille Gaule (au sens historico-géographique s'entend…), des trublions surent saisir l'occasion de balancer aux orties toute courtoisie trop onctueuse afin d'exprimer leurs instincts de coupeurs de tête et/ou de casseurs de couilles. Souvenez-vous des joyeuses Grandes Compagnies de la guerre de Cent Ans, de ces podologues pyromanes itinérants des Hauts-de-France (qu'on appelait de manière plus triviale les "Chauffeurs du Nord" avant la réforme de la Novlangue), des reitres en déshérence voyant leurs revenus baisser à la moindre trêve interrompant un tant soit peu les guerres de religion… Quoi d'étonnant qu'à la faveur de l'insurrection rampante qui transforme chaque rond-point périurbain en Fort Alamo des Damnés de Cofidis se reforme cette fameuse bande qui faisait jadis frémir dans les chaudières et provoquait (les Français ont le droit de savoir !!!)  une incontinence incontrôlable chez la plupart des gardes-pêche évoquant le risque, un jour de zèle inopportun, de croiser leur chemin ? Et oui, tremblez bonnes gens, fermez vos volets d'urgence et enterrez l'argenterie de Grand-Maman sous le compost en vitesse car les Rapetous du Yannistan sont de retour !!!
"Les Rapetous du Yannistan, tu connais ? Je veux, ouais !!! Les Belphégors des réserves de pêche…"
Quant à moi, toujours soucieux de rejoindre les associations de malfaiteurs à condition qu'elles prônent dans leur règlement intérieur l'intempérance pinardière, l'usage et la cession de charcuterie fine ainsi que le catch & release, j'ai bien entendu sauté sur l'occasion de retrouver au bord de l'eau ces rudes gaillards à la fibre rigolutionnaire jamais prise en défaut. Cela dit, si je peux me permettre une remarque sans risquer un bourre-pif, je commence à comprendre l'implacable fatalité qui impose aux Rapetous de finir avec les pinces, de repartir en calèche et de prendre pension à la ratière de Donaldville à l'issue de chacune de leurs aventures. La ponctualité, les mecs, c'est le secret. Pour un braquage comme pour un braco, je veux dire. Bon, je vous en veux pas mais le temps de vous voir vous pointer, j'étais déjà sponso Spontex à force d'essuyer une pluie propre à envisager l'achat d'un bass-boat série limitée Noé...
Mika Rapetou alias "l'artiste"... Un des rares braconniers de l'hémisphère nord capable de prendre un brochet par
l'émerillon du spinnerbait que ce dernier avait en gueule au bout de 10 mètres de tresse laissés par un bourrin qui devait être parti pêcher le cachalot. Chapeau bas !!!^^
Heureusement que les précipitations d'ampleur biblique, cela possède, comme la grippe espagnole et les explosions atomiques, de par sa nature même, l'immense avantage de pouvoir profiter à tout le monde. Pas de jaloux, les collègues découvrent aussi avec un effroi allant crescendo que l'imperméabilité de leur garde-robe du jour n'a pas été développée plus loin que la description un chouia présomptueuse donnée sur l'étiquette des dites-frusques cousues à la va-vite-et-plus-vite-que-ça-même dans un quelconque bagne textile asiatique. Mais qu'importe… Ce qui tombe du ciel a réveillé les poissons. L'essentiel pour nous assurer un bon dimanche matin...
Yannis Rapetou alias "Doigts de Fée"... Aussi à l'aise avec un chalumeau oxhydrique qu'avec un tire-bouchon. 
Fiché "S" comme "Salopiot" par la BRMM (brigade de répression du mort-manié) de Poitiers. 
Autrement dit, c'est l'orgie. Les brochets tombent comme à Gravelotte. Les perches comme à Stalingrad. A peu de chose près. Le seul petit bémol au milieu de ce chromo halieutique décontracté quoique semi-aquatique que l'on puisse déplorer, et bien, c'est le mauvais oeil qui semble coller aux basques de Bob l'éponge (votre serviteur) en lui faisant quadriller le spot en long et en large sans réussir à concrétiser ses rares touches… Dur à vivre quand les forbans burinés des alentours empilent les prises presque aussi vite que Christophe Castaner débite des conneries portant toujours plus haut les couleurs de la discipline.
Oh sacré nom d'une pipe en bois… Trois heures à dégouliner en grelottant et loupant mes rares touches avant de piquer ce brochet. De quoi pousser un hurlement démoniaque à faire tourner le lait des vaches de tout le comté !!!^^
Alors qu'un muet désarroi accentuait mon tremblement causé par l'humidité glaciale qui avait atteint mes frêles avant-bras de bureaucrate cacochyme  et que je commençais à glisser dans un demi-coma peuplé de vision de canapé, de chats en pleine sieste et d'un Bournemouth-Arsenal soudain devenu plus alléchant que sur le papier, au détour d'une bouillée de nénuphars agonisants, un "toc" nerveux interrompit la morne course de mon Shaker ramené, à dire vrai, sans la moindre conviction tant l'espoir avait déserté mon cœur meurtri par une bredouille annoncée. Woooow bordel !!!
Et hop là boum… Doublé en 5 minutes grâce au Shaker Lunker City sur une tête plombée à palette moulée par mes soins.
Un poisson !!! J'ai ferré un poisson. J'y croyais plus, persuadé que j'étais de voir la sortie se conclure par un capot sans appel  au milieu du trio de malfrats goguenards. Les mouches ont changé d'âne. Je suis regonflé à bloc. Je décroche donc cet inestimable brochet avec les précautions d'usage et, dans la foulée, relance mon leurre dans la même zone. "Toc !!!". Non ? Ben si… Un doublé en 2 minutes alors que je douillais depuis l'aube dans mes fringues trempées. C'est peu dire que je rayonne !!!^^
-Et là, Rémi, ça ne te rappelle rien ça, ce petit sourire en coin genre -"je vous ai bien niqués, hein" ?
Mais si voyons, Spaggiari, les égouts de Nice… Tu sais que Spaggiari est un crack, hein.
Il sait choisir ses collaborateurs !!!^^
Evidemment, certains malappris de leur côté continuent sans pudeur excessive à cartonner. A un tel point que cela en devient même parfois gênant. Un peu de décence, messieurs !!! Pensez un instant à vos camarades moins chanceux, que diable !!!^^
Un petit dernier pour la route avec un spinnerbait aliexpress qui pour le coup la tient la route !!!^^


Juste avant que ne sonnent les fatidiques 12 coups de midi annonçant l'heure du rituel sacré de notre secte (dit "apéro" en langage vernaculaire), je récupère définitivement ma dignité en ramenant un troisième poisson sur un spinnerbait Aliexpress. Mais l'heure, c'est l'heure. Le temps de trinquer et d'engloutir quelques tranches de sifflard,  nous devons nous séparer après avoir partagé le butin  nos impressions sur cette pêche miraculeuse ainsi que des constatations définitives sur la mauvaise qualité de nos soit disant "vêtements de pluie". Rendez-vous désormais au Printemps… A moins bien évidemment qu'entre temps les frères Rapetous ne se soient une fois de plus lamentablement fait gauler à attaquer le dépôt d'Onc'Picsou et aient à consacrer pour les prochaines années leurs journées à relancer la voirie guyanaise en costard à rayures horizontales !!!^^



vendredi 23 novembre 2018

Speedfishing en mode serpillère

Au premier lancé sous une pluie battante…Rien à dire. Quel talent !!!^^
Dix-sept jours sans aller à la pêche. Je sais, ça peut faire frémir. Ou dissimuler honteusement un paquet de bredouilles discrètes. Sauf que je ne suis pas sponsorisé donc les bredouilles, je m'en soucie autant que de mon premier Malibu-Ananas renversé sur le comptoir scintillant de la Chunga Laser Club 2000, cet établissement de nuit qui fît tant jadis pour la promotion de la disco italienne, des coupes mulet et des Chlamydiae mais bon, ceci est une autre histoire… Bref, je viens de passer dix-sept putains de journées d'une nazitude assez inénarrable et consacrées à faire autre chose qu'aller à la pêche. Mais que je vous rassure tout de suite : je n'étais pas à garder des palettes en flammes sur un rond-point en jouant les Tontons Macoutes de PMU. Ce n'est pas que je trouve le zozo du Touquet plus sympathique que ça non plus, hein, faut pas croire… Sauf que risquer à chaque minute de me faire écraser par un 4x4 ou gazer par les gendarmes mobiles, tout en étant réduit à survivre à coups de Boulaouane-Merguez-Chips par 0°c,  coincé au milieu de beaufs en quads alcoolisés, ce n'est définitivement pas mon kif. Rappelez-moi quand la guerre civile sera plus sérieuse, merci.

Et hop… Encore une victime du Pattern pas terne !!!
Sous une pluie plus battante qu'un Bernard Tapie aux naseaux débordant de cocaine extra-pure en train de présenter "Ambitions" (cette regrettée émission de  TV qui, entre 1986 et 1987, fut à la création d'entreprise ce que Bachar el Hassad est devenu depuis aux Pompes Funèbres d'Alep), je m'extrais péniblement de mon véhicule et fonce ventre à terre (au sens figuré, hein, vu que j'ai arrêté la mayo sur les frites au petit déjeûner) vers le premier spot. Premier lancé, paf, une perche. Deuxième lancé, ah zut, problème...
Du pin's...
Un fort joli chevesne vient d'intercepter le leurre. Ah me voila bien, crédié… Impossible de droper l'engin, le fil pétera, ça ne fait pas un pli. Quatre bons mètres me séparent de la bête. Que faire ? J'ai la réponse et elle est toujours la même depuis bientôt un demi-siècle. Que faire ? Ben le con, tiens, c'te blague. Sur la berge en contrebas, j'avise un jardin potager. Aux grands maux… J'invente en toute simplicité le "Javelot-Fishing". Pour faire clair, je balance délicatement la canne en direction du potager en espérant que j'aurais le temps de descendre la paroi abrupte recouverte de ronces et sous le feu des mitrailleuses allemandes  (faut vraiment que je me calme sur les commémorations du 11 novembre) et de te me la choper à la hussarde avant que le chevesne se décroche.  Simple, non ?^^
Du pin's...
L'atterrissage au milieu de choux un peu flétris se passe du mieux possible. Il ne me reste plus qu'à entamer en rappel une descente express pour récupérer le tout. La fortune souriant aux audacieux, tout se passe bien. Ouf. La canne n'a rien. Je ne dirai plus jamais de mal des végétariens et de leurs mœurs étranges !!! Dans la foulée, j'immortalise le cyprinidé contrariant. J'aime quand un plan se déroule sans accroc. 
Oui mais du Pin's Ali !!!^^
Après ces débuts trépidants, le rythme se calmera. Quelques perchettes par ci par là aux milieux des amas de feuilles mortes mais rien de transcendantal au fur et à mesure que la pluie traverse les couches isolantes de mon accoutrement de baroudeur des pampas. C'est ce qui me poussera à arrêter les frais, trempé jusqu'au slip (comme on dit dans notre rude  jargon de spécialiste) mais rassénéré par ce retour au bord de l'eau salutaire en ces temps de galère.




samedi 17 novembre 2018

Microcosme éthique...

A vouloir peindre sans fard la triviale réalité de notre petit univers de pêcheurs à ligne, lorsque l'on s'imagine assurément loin de faire partie des meilleurs mais qu'on s'enorgueillit, avec une présomption téméraire, de ne pas se compter parmi les pires, on finit toujours par se heurter à la plate sottise, l'égocentrisme désolant ou la virulence débridée d'individus au cerveau mal irrigué, trop souvent persuadés que le Monde n'attendait que leur naissance pour devenir un endroit agréable à vivre selon leurs brillants  préceptes... Malthus avait raison : faut apprendre à vivre avec les cons tant qu'on a pas d'armes nucléaires à disposition...Je le cite de mémoire^^… Bien sûr, en bons socio-démocrates réformés pieds plats, je suis certain que vous allez tenter de me convaincre qu'on peut toujours la tenter pédagogue, essayer de changer le cours de l'histoire par le dialogue, convaincre les inconvenants grâce à la subtilité de raisonnements finement ciselés. Ouais. Bon. O.K... 

"Allen, 'spèce de crétin ! Papa nous a dit de ne pas faire ça ou nous allons effrayer le poisson !"


Hélas, cette théorie s'avère à l'usage assez limitée. Quand on connaît l'abyssal niveau de l'interlocuteur moyen que l'on peut croiser sur un forum de pêche, entre les démiurges de la Saint-Barthélemy de la syntaxe, ceux qui violent l'orthographe en lui faisant des petits non viables et les malfaisants qui foutent tous les jours au ravin le Bus de Knysna de la rhétorique étayée,  on finit par comprendre qu'il n'y plus d'échappatoire. Toutes les tentatives d'édification de ce style de demeurés ne seront jamais, au fond, qu'autant d'occasions offertes pour tester la fiabilité de notre stoïcisme, la progression de notre ulcère ou l'efficacité de nos anti-dépresseurs....

L'auteur de ces lignes surpris en pleine introspection…
En effet, parmi les pittoresques constantes comportementales du pêcheur à la ligne, il en est une des plus cocasses qui le pousse à être intimement convaincu d'être toujours meilleur que le voisin. Il n'y a que lui qui sait faire, qui fait bien, bref, les autres pêcheurs misérables créatures à peine dignes d'attention, bloquées sur l'échelle de l'évolution entre le protozoaire et le militant  trotskiste, qui, non contentes d'être des challengers d'un niveau insignifiant, ne méritent dans l'absolu que de survivre  pour faire  fonction de faire-valoir mal dégrossi, voire de fan-club énamouré... Quand, d'aventure, le dit-voisin prend plus de poissons ou, injure suprême, un poisson plus gros que les siens, notre pêcheur invoque la chance, le hasard ou un quelconque facteur n'ayant rien à voir du tout avec le talent intrinsèquement dévolu au moindre de ses gestes à lui, qui, rappelons-le, confinent ingénument à la perfection. Mais pourquoi devrait-il déroger à son statut et s'abaisser à reconnaître la moindre qualité à ses frères inférieurs ? Jamais, plutôt douiller !!! J'ai déjà évoqué, plus que nécessaire, en ces pages les Gilgamesh du publi-reportage, les Centaures provinciaux prodigues en pêches oniriques ou les consternants Rastignac résolus à des veuleries dignes d'un VRP formé chez Bygmalion pour avoir leur trombine dans le journal. Quand la vacuité épouse la fatuité, à trop se pencher sur la vie des bêtes, on finit inévitablement par gagner une bonne migraine qui nous colle la tête dans un étau… Logique.
A chaque génération sa définition du commerce… Responsable, équitable, éthique ou autre.

Parmi les nombreux et chatoyants aspects dont est prodigue  la vie publique du pêcheur dit moderne, implacablement actif sur les réseaux sociaux et donc avide d'apporter à un monde, jusque là plongé dans les ténèbres de l'ignorance, les lumières aveuglantes de son intellect, reste son penchant prononcé pour les termes savants saupoudrés au gré de raisonnements laborieux... Parmi ces termes éminemment galvaudés par nos Captain Caverne du sophisme halieutique, je retiendrais tout particulièrement "l'éthique"... "L’éthique (du grec ηθική [επιστήμη], « la science morale », de ήθος (« ethos »), « lieu de vie ; habitude, mœurs ; caractère, état de l'âme, disposition psychique » et du latin ethicus, la morale1) est une discipline philosophique pratique (action) et normative (règles) dans un milieu naturel et humain. Elle se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure." nous apprend, en son infinie sagesse, wikipédia qui est un peu, de nos jours, l'équivalent de la Pythie de Delphes, les hallucinogènes en moins…

"Elle se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure"... Bon courage. Je crois que la Sainte Inquisition, la Tchéka ou même à son humble niveau l'éducation nationale ont déjà essayé d'atteindre cet objectif grâces à leurs petites recettes respectives, sans toutefois rencontrer, malgré des réussites ponctuelles, le succès dans la constance... Dans notre système social contemporain, pitoyable agrégat d'égoïsmes, où la seule volonté de puissance accessible au vulgaire est d'écraser la gueule de son voisin pour un ticket resto supplémentaire, avant de se faire, implacablement, à son tour, ratatiner la sienne pour un litre de gasoil, là où le fantasme prolétarien de réussite se limite au triptyque pavillon Mikit/Barbecue/Berger allemand pour protéger tout ça pendant qu'on enquille les heures sup' pour retarder au maximum l'irruption des huissiers, l'éthique, en tant que morale collective, n'est qu'un concept creux pour sinistrés du cognitif, un mantra pour indécrottables adulescents , bref, le dernier argument expiatoire des losers... Seul le résultat prime. Quels que soient les moyens à employer pour y parvenir. C'est sans doute cynique mais allez donc expliquer à un membre du Medef, du Hamas ou même, dans les cas les plus urgents,  à un agent de footballeur que l'éthique, c'est cool…

Adopter un comportement conforme à une éthique, quelle qu'elle soit, n'est, de toute façon qu'une démarche individuelle, nécessairement soumise à interprétations et pleine de contradictions, tout spécialement lorsqu'elle concerne la pêche à ligne ; domaine philosophique relativement mineur, certes, mais qui reste bon an mal an le principal objet de ce blog. Trouver commode de défoncer la gueule d'un poisson à coups de fishgrip ou de l'y laisser pendouiller 20 minutes pour le mitrailler de clichés, pêcher les nids ou camper au bord de bassines privées pour remplir sa page facebook sont pour la plupart de nos fins lettrés des actes considérés comme fondamentalement immoraux et susceptibles de recevoir des châtiments exemplaires...Enfin...Surtout quand ce sont les autres qui s'y livrent...Fin de l'aparté… L'éthique, transcrite en actes, n'a rien à voir avec une discipline intraitable fondée sur un règlement gravé dans le marbre, assorti d'une coercition immanente. Nul n'est parfait dans Sa pratique. Les gueules de perches se déchirent, le chevesne finit parfois par terre, les branchies du brochet restent de temps en temps à jouer les guirlandes sur une branche du triple, etc...
Débat musclé entre perfectionnistes…
Malheureusement, c'est aussi ça, la pêche...La perfection n'existe que lorsque on la décrit avec une emphase croustillante en tapant sur son clavier de PC. On ne peut, d'autre part, passer sous silence, sans verser dans la langue de bois, l'incommensurable propension du pêcheur se voulant d'élite, raisonné, voire raisonneur en mode tambour tournant dans le vide, à sempiternellement vouloir se mesurer la zigounette avec le concurrent ou le contradicteur en des termes révélant mieux que tout que chez eux la testostérone supplante le neurone…

Bref, le pêcheur, dès qu'il sort de la simple pratique halieutique, en se présentant comme le porte-parole éclairé d'une avant-garde sans défauts, se voit un peu trop vite comme le chef sévèrement burné d'une tribu de bonobos-sandwiches. Et cela, d'autant plus que l'écart est important entre son cervelet format petit pois et sa boite crânienne melonisée aux proportion d'une montgolfière atteinte d'aérophagie chronique…

Ainsi, l'éthique est trop souvent considérée, par certains de ces valeureux primates, comme un alibi sur mesure pour d'une part s'arroger à peu de frais une once de supériorité morale légèrement hors de propos et de l'autre, s'immiscer dans la pratique d'autrui, avec une régularité dans l'outrecuidance dictatoriale qui constitue assurément la marque infalsifiable des crétins d'élite... Ce qui donne, avec une régularité mécanique, lieu sur internet à des sommets dans l'art de la rhétorique hypocrite que ne renierait pas un groupe parlementaire.
"Je me fiche de savoir ce que vous faites chez vous, Walters. Ici à Sea World, ce n'est pas du tout comme cela que nous traitons ce genre de problème…"

On en revient toujours aux fondamentaux, comme le disait Aimé Jacquet, dans son folklorique patois ayant échappé au formalisme académique des orthophonistes jacobins. Comment empêcher les cons de mettre à profit leur latitude à proférer des conneries, tout en sachant très bien qu'ils peuvent à tout moment passer de la parole aux actes ? Cette question résume à elle seule la condition humaine. Quoi que l'on fasse, on se heurtera toujours à la mauvaise foi des uns, au messianisme niais des autres et surtout au bon vieux réflexe qui consiste à faire passer sa gueule avant celle des autres... Bref, coercition ou persuasion ne sont plus que  les deux mamelles flétries de notre vache de société. Mettre préventivement un flic dispendieux de la matraque derrière chaque citoyen ou brandir, comme un talisman réchappé de Woodstock, le postulat que tout être humain est capable d'être responsable, c'est nier la terrible évidence. On débouchera toujours sur une impasse, consacrant l'impossibilité de jouer un coup supplémentaire sur l'échiquier du possible, qu'il soit soit légal ou tout simplement utile...On en arrive donc inexorablement au Pat-éthique (désolé, je n'ai pas pu me retenir). 
"Ainsi, Monsieur Cochon, vous avez allumé ce feu après avoir entendu mon client descendre par votre cheminée ? 
Saviez-vous que mon client fait partie d'une espèce menacée, Monsieur Cochon, alors que VOUS n'êtes
rien d'autre qu'une sorte de tranche de jambon qui marche ?"

Ne m'en veuillez pas trop si, par excès de  zèle, j'en arrive à conclure ces pages par un apophtegme des plus explicites quant à la considération que j'ai pour les inquisiteurs au petit pied, les ayatollahs du rapala et autres censeurs en culottes courtes…