lundi 21 mai 2018

Pinsage vespéral intensif

Born to pin's... The Legend^^
Ce qu'il y a de terrifiant dans la pratique assidue de la pêche à la ligne, c'est bien sa temporalité. Les années passent avec une régularité implacable rythmée par des phases immuables : le dernier week-end de janvier, par exemple, c'est une chape de plomb teintée de déprime qui s'abat sur le moral du fanatique amateur de steady retrieve in the cover of the strike zone comme qu'ils diraient dans eul journal^^. Trois mois (entrecoupés de tabassage de truites nourries au prion) plus tard, c'est l'euphorie qu'on sent s'épanouir sur les traits rubiconds du taquineur de sandres sur nid !!! C'est l'hallali !!! Les ventes de vifs explosent, les cuillères tournantes premier prix bourgeonnent aux branches et les blogs des champions du monde du chef-lieu de canton croulent sous les photos pour une fois très artistiques de sandres shootés en noir et blanc (des fois que des mal-intentionnés questionnent leur robe un peu atypique dirons-nous...).
Cuillères vintage, perchettes partout, le secret d'un mois de mai comme les autres...

Tout le monde ou presque j'imagine connait le film "le Jour de la Marmotte" et a déjà vu ce chef d'oeuvre rediffusé d'ailleurs à peu près 37 fois par semaine depuis que nous subissons la TNT... Bill Murray, atrabilaire présentateur météo envoyé dans un bled rural au nom imprononçable peuplé d'agents d'assurance, de représentants John Deere et de serveuses nymphomanes, se retrouve condamné à revivre sans cesse la même journée jusqu'à ce qu'il apprenne la poésie médiévale italienne, le piano et le secourisme, histoire qu'il se tape enfin Andie MacDowell et qu'il puisse retourner à ses activités normales. Vous savez ce qu'il vous reste à faire maintenant, les jeunes !!!

Un alevinage massif en bassounets sautant sur tout ce qui bouge déversé sur un secteur qui était à sec deux années de suite...
On comprend où passe l'argent des cartes d'un coup d'un seul...

Et bien, toutes proportions gardées, la pêche au mois de mai dans mes contrées, c'est un peu mon "jour de la marmotte". Toujours un goût de déjà-vu plutôt que de revenez-y... Les mêmes causes produisant les mêmes effets, chaque année, les eaux sont plus basses plus tôt, les algues prolifèrent avant même que l'été soit à l'ordre du calendrier et les mortalités de poissons deviennent si banales qu'on y fait même plus allusion entre chevaliers de la gaule. Non, on se contente de monter dans son C15 diesel et d'aller améliorer le réchauffement climatique en allant voir s'il reste encore deux ou trois poiscailles à viander chez les voisins.

Un coup du soir improvisé à l'arrache qui tourne à l'orgie de perchettes... What else ?
De mon côté, vu que je suis un type à peu près cohérent dans ses détestations et ses convictions, j'évite le plus possible les coins où je risque de perturber la reproduction du black-bass et du sandre respectant ainsi à la fois le règlement pour le bass (fermé jusqu'au 15 juin) et une certaine "éthique" pour le sandre (tout en sachant bien qu'on n'est jamais à l'abri d'un accident...). D'autant plus que j'ai oublié mes waders lors de mon dernier voyage dans le sud. Ce qui me prive de float-tube jusqu'au mois prochain. Du coup, je dois pêcher du bord sur des secteurs où je ne suis pas obligé de marcher dans l'eau. Bref, là où tout le lectorat départemental du Pêcheur de France est déjà passé balancer son attirail... Voila le décor planté pour mes deux heures de pêche avant la nuit...

Festival de touches dans le crépuscule... Avec une cuillère datant des années 60. 





































Première surprise : le nombre de petits bass qui sautent sur tout ce qui bouge... Connaissant le coin depuis bien longtemps, je ne peux croire à une reproduction naturelle. C'est manifestement de l'alevinage. Pour vendre des cartes aux jeunes, je suppose qu'il faut déverser du bass à la tonne. Car le jeune, au cerveau comprimé par sa casquette de base-ball qu'il ne peut visser à l'endroit tout seul sur son crâne, trop occupé qu'il est à envoyer des pouces bleus pour liker une vidéo de Cyprien imitant Norman se moquant d'un gitan socialiste alors qu'il est ami sur facebook avec Nabila, Franck Ribéry  et Eric Ciotti, ne peut se contenter des perchettes qui faisaient pourtant la joie de ses grands-parents. Le jeune, il lui faut du fun, du connecté, pas du poisson de vieux. On a sa dignité, bordel !!!

La perchette... Poisson-étendard de nos rivières fleurant bon l'épandage franc & massif...

Au moins, les hérons auront un truc changeant de l'ordinaire à l'apéritif. Positivons. Le deuxième détail troublant de la sortie s'est avéré moins amusant : en effet, l'eau, encore courante, même si le niveau a significativement baissé en 15 jours, sent le lisier frais. Ce qui donne une touche bucolique supplémentaire à l'escapade s'il en était encore besoin... Je suis prêt à prendre les paris. Dans un mois, au mieux deux, le coin est à sec ou réduit à un cloaque algueux où seuls quelques alevins parviendront à survivre, réduisant  ainsi à néant l'alevinage en mini-bass. Quand je vous dis que j'ai l'impression de revivre toujours la même chose...



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