mardi 20 juin 2017

Maxi-cagnard & mini-perches

Depuis quelques jours, assommé par la chaleur caniculaire, peu enclin à enfiler des waders après une journée passée à battre des records mondiaux au niveau du sudoripare, bref assez peu motivé pour enquiller les kilomètres afin de me faire dévorer les avant-bras par les moustiques en tentant désespérément de prendre un poisson dans des rivières pratiquement à sec ou en laissant mes leurres accrochés à des filets de braconniers, j'avais fait l'impasse sur la pêche à la ligne en soirée. Comme dirait un de ces philosophes du quotidien dont sont si prodigues dans les films et les romans les forces du maintien de l'ordre de la ville de Los Angeles, il est évident que je suis décidément trop vieux pour ces conneries. Inutile d'aller chercher l'infarctus pour quelques perchettes... Mais le Sage sait qu'il est plus difficile d'enlever les taches du léopard que de faire élire un blaireau au QI de cruche à condition qu'il soit en photo avec Macron sur son affiche de campagne. 
Si vous avez saisi le sens profond de la phrase ci-dessus, je vous félicite et vous invite à me l'expliquer par écrit à l'adresse habituelle sous pli discret (j'accepte les chèques), merci, vu qu'il fait si chaud que je ne sais plus trop ce que je raconte à cette heure-ci, poil à l'okapi... Pour pousser la concision dans ses ultimes retranchements, je me contenterai donc de dire que, profitant d'une obligation administrative me forçant de toute façon à braver la fournaise, j'en ai lâchement profité pour pêcher en pleine après-midi sur la redoutable Digue de la Douille Fatale Grave, ouvrage sinistrement connu. En effet, il est de notoriété publique que cette infortunée écluse est à la belle saison assidument fréquentée par tout ce que les environs comptent de vieux viandards couperosés massacreurs de mulets, ainsi que de techniciens hors-pair n'ayant pas changé de nylon sur leur moulinet depuis la mort de Robert Boulin. Mais elle est aussi le théâtre des "exploits" (en général virtuels^^) de la génération montante ou considérée comme telle, je veux bien sûr parler de celle des jeunes intellectuels arborant tous les signes ostensibles du Bling-Bling-Fishing mais qui ont, hélas, raté le concours des Marseillais à Vegas à cause d'une note éliminatoire en géographie qui leur a trop mis le seum. Ils m'épateront toujours, les juvéniles... Claquer des mille et des cents dans des cannes japonaises et toute la panoplie du pêcheur branché vu sur YouTube pour aller à la pêche là où toute l'agglomération vient tremper du fil... Bonne chance... D'autant que ce lieu maudit est actuellement envahi par les lentilles d'eau, ce qui constitue un gage évident d'une eau de bonne qualité garante d'un taux d'oxygénation propre à rendre les poiscailles foutrement actifs... Il faut donc d'une part avoir le cerveau au ralenti et de l'autre, vraiment être inconscient pour perdre son temps même fugacement en arpentant le moral en berne cet infâme terroir ...

Aujourd'hui, plus que certains jours, le lieu ne favorise pas cette pratique halieutique primesautière lorgnant vers la gaudriole que j'apprécie tant. En effet, connaître une expérience physique confinant à celle d'une merguez oubliée sur le barbecue, c'est un moment unique. A ne pas répéter toutefois si l'on tient à son épiderme. Malgré tout, grâce à mes petits LS japonais à rotengles fripons et à ma science du downsizing forgée par des décennies de pinsage, j'ai pu prendre quelques poissons au milieu des alevins...
Une nouvelle fois, l'exploit ne se situait pas au niveau comptable et/ou pondéral. Non, pas du tout, faut pas déconner... Il consistait simplement à pêcher quelques poissons sous un soleil de plomb, sans un cm² d'ombre et alors que le thermomètre affichait un 35°c légèrement inhabituel sous nos latitudes au mois de juin. La mission accomplie avec une maestria rarement vue en ces contrées halieutiquement minablissimes, il était alors le moment de regagner mes pénates et ses rafraîchissements bien mérités... Poil au karaoké.


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