vendredi 7 décembre 2018

Aventures au Giléjonistan

Après des années d'atermoiements coupables, j'ai enfin eu l'occasion de découvrir un territoire où je n'avais jamais risqué la bredouille, le gadin dans la vase ou le contrôle inopiné d'un garde-pêche (phénomène rarissime sous toutes les latitudes de notre cher pays, me suis-je laissé dire…). En compagnie de deux fins pêcheurs (dont je voudrais pas saboter l'honorable réputation en révélant publiquement le patronyme^^), c'était une semaine de pêche intensive qui s'offrait à votre bredouilleur mythomane favori… Le lundi après-midi, nous pêchons rapidement une petite conche du marais poitevin. Le succès est plutôt mitigé : une perche pour Thierry, une coupe de brochet pour moi… Sans le savoir, on vient de donner le tempo de la semaine.
Après une année de sécheresse hors norme, les précipitations massives n'ont pas facilitée la pêche.
Mardi, de bon matin, nous partons pêcher la Charente. Aie. L'eau est sur les prés et le courant s'avère plutôt soutenu. Mais au bout du troisième lancer, Thierry s'attelle à un très gros brochet. Le temps que j'arrive avec l'épuisette, c'est le drame. Le monstre a dévalé le courant. C'est la casse inévitable. La journée commence mal. Elle persistera dans son idée de départ. Seul un brochet correct mais nettement moins gros que celui du matin, alors que je venais d'avoir la flemme de remonter un bas de ligne "anti-coupe", me fusille mon shad-palette à mes pieds, au ras de la berge de l'étang où nous nous sommes échoués en fin de session, lassés de lâcher de la tête plombée dans l'eau boulée. Par un coup de chance assez incroyable, le shad a coulé à portée de canne et je le récupère. C'est déjà ça… La soirée va compenser les épreuves de la journée. Quelques verres d'eau de feu et comme par miracle, la cabane des trappeurs retrouve une ambiance d'enfer !!!
Le lendemain matin, après un réveil un tantinet rendu ardu par quelques reliquats du whiskey de la veille, l'infernal trio remonte derechef à l'assaut. Cette fois-ci, nous nous enfonçons encore plus avant dans les farouches contrées du Giléjonistan, cette terre inconnue des énarques mais pourtant chère aux percepteurs de tous poils… Sur les lacs balayés par le blizzard, la couenne tannée par la rude caresse des embruns, malgré notre endurance légendaire de vieux forbans, seul un sandre taquin réveillera en attaquant un Sandra au ras de la berge notre attention mise à mal par, il faut bien humblement le reconnaître, les petites libations de la veille…
Le retour est tout sauf triomphal. Deux bredouilles de suite (et même trois pour ma truffe), ça faisait un sacré bout de temps que cela ne nous était pas arrivé. Du coup, pour la dernière journée du périple, nous retournons aux valeurs sûres… La pêche de la perche en mode finesse.

Hélas, même avec des petits leurres, la pêche n'est pas facile. Nous loupons un nombre proprement hallucinant de touchettes furtives avant de piquer quelques poissons de ci de là… Seules les petites perches semblent être de sortie. Du coup, nous pêchons manifestement trop gros… Ce qui n'est absolument pas grave étant donné que notre seul objectif était à cet instant  de ne pas terminer la semaine totalement capot et de provoquer ainsi la stupéfaction dans le landerneau halieutique hexagonal qui aurait été plongé dans le plus grand des désarrois face à une telle contre-performance.
La perchette, notre éternelle salvatrice… Toujours là pour briser le cycle infernal de la bredouille.
A la vue d'un ciel bien menaçant arrivant de l'océan, nous avons terminé l'aventure sur un petit coin que nous connaissons bien. Là, contrairement à nos attentes, ni perches ni sandres au programme par contre...


Seuls les bass étaient mordeurs en ce début de décembre. Ce n'est pas nous qui allons nous en plaindre, croyez-moi. Heureusement que ces petites machines à transformer de la protéine existent d'ailleurs… Sinon on serait encore plus souvent bredouille par ces temps pour cagouilles et ça finirait par devenir… Heu… Problématique. J'ai pas envie que mon habilitation tous publics saute non plus.


Au terme de trois journées et demie de crapahutages impitoyables pour nos rotules usées, de siestes bucoliques vautré comme un vieux sanglier sur les berges asséchées d'un lac des hauts plateaux du Giléjonistan (alors qu'au loin résonnait le rythme lancinant des tambours traditionnels des tribus locales appelant les indigènes à passer au court-bouillon l'administrateur colonial le plus proche…) ainsi que de mises en pratique d'apéritifs refusant la notion petite-bourgeoise de modération, j'ai dû hélas rentrer en mon domaine. Au final, seuls les poissons auront été discrets, les petits salopiots. A part le monstre retourné avec le shad au coin du bec hanter les eaux de la Charente, bien sûr… C'est le jeu, surtout en cette saison. Pour le reste, ça faisait bien trop longtemps que je n'avais pas passé d'aussi belles vacances. Merci les gars, merci pour tout et, entre nous, j'attends plus que vivement l'ouverture de la truite, histoire qu'on remette ça !!!




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