dimanche 14 octobre 2018

Speedfishing dominical

Une perche au leurre souple maison pour entamer les débats sur un bief quasiment à sec...
Cela faisait maintenant près de six semaines que j'avais délaissé les petites rivières du vignoble, après avoir été vacciné par la découverte de la catastrophe à l'occasion, déjà, d'une pêche rapide de fin d'après-midi dominical. Profitant sans vergogne de l'opportunité qui m'était offerte, à l'issue d'un repas familial, d'aller brûler des calories en dérapant sur des caillasses visqueuses, j'ai renoué avec ce biotope si particulier où le secret de la réussite automnale consiste essentiellement à trouver de l'eau sous les feuilles mortes…

Quand tout espoir semble vain, quand tout est contre nous… Non, pas besoin d'appeler les Ghostbusters ou même Julien Courbet, les mecs… Il suffit d'avoir des cuillères-vintage dans la musette. Tout le monde sait ça.
En effet, les niveaux sont encore plus bas que les probabilités qu'un jour lointain Cyril Hanouna remporte le Prix Nobel de littérature. Après le rapide survol d'un bief sinistré où je prends tout de même la seule perche survivante, je décide de tout miser sur le même secteur vu qu'il ne me reste qu'une grosse heure de pêche.

Si je peux me permettre, j'oserais rappeler à notre jeune public que TOUTES les perches aiment les cuillères tournantes.
Là, des débuts trompeurs me font rêver à une pêche d'anthologie. Plusieurs perches succombent tour à tour à une cuillère-vintage ramenée le plus lentement possible sous la surface. Mais l'eau est bizarre. Très claire sur les bordures peu profondes, elle se brunit au milieu alors que la profondeur n'y est pas si importante que ça vu qu'on distingue sur le fond les feuilles mortes… L'explication est vite trouvée. Ce sont les cyanobactéries en train de pourrir qui colorent le petit courant qui se dessine grâce aux vagues pluies des derniers jours. Pas cool.

Ce qui fait que là où la profondeur du bief dépasse les trente centimètres, je ne vois pas le fond et en raison de la viscosité de son substrat renforcée par trois mois d'apports en saloperies issues de l'agriculture irresponsable, j'y risque le gros gadin à chaque pas. Ce menu détail change la donne. Exit la cuillère-vintage que je ne veux pas voir à la merci d'un accrochage me forçant à une opération de secours à patauger dans la bouillasse. J'ai passé l'âge de ces conneries.
C'est donc en toute décontraction qu'équipé d'un Swing Impact aliexpress d'une blancheur immaculée ornant une tête plombée football moulée délicatement par mes soins diligents que j'achèverais cette rapide tournée. Quelques perches supplémentaires et un jeune brochet écervelé clôtureront l'exercice. Rien de bien extraordinaire, j'en conviens humblement, mais à mon échelle, où aller à la pêche relève de l'exception, hélas, plutôt que de la règle, vous excuserez ma satisfaction confinant à la fatuité la plus abjecte d'avoir pris un peu de poisson en moins de deux heures sur ces coins qui ont particulièrement soufferts de la sécheresse et qui, malgré quelques chiches gouttelettes tombées du ciel, semblent destinés à souffrir encore…


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